"S'il m'arrive quelque chose..." : depuis la France, il parvient à sauver une Afghane des griffes des talibans

En août 2021, les talibans, chassés par les américain 20 ans plus tôt, reprennent le contrôle de Kaboul, Le 15 août 2021, la capitale de l'Afghanistan tombe aux mains de la milice. Un vent de panique souffle alors sur le pays. Des milliers d'Afghans, inquiets pour leurs vies et leurs libertés, tentent de fuir. Mais l'intégralité des postes frontières sont passés sous le joug des fondamentalistes islamistes. Il ne reste, pour partir, qu'un aéroport militaire, géré par les Américains. Et les vols ne seront pas éternels. La deadline est fixée : le dernier avion partira le 31 août. Ceux qui n'auront pas réussi à quitter le pays à temps, seront livrés à eux-mêmes.

C'est sur cette toile de fond que se construit l'histoire de Tanguy et de Getee. Ce 15 août 2021, le jeune homme est en France et découvre, sur son téléphone, le témoignage poignant de la journaliste afghane. Depuis que les talibans ont repris le contrôle du pays, celle-ci se bat pour sa survie et celle de sa famille. Touché par son histoire, il décide de la contacter. "Je lui demande comment elle va sur Instagram". Il ne le sait pas encore, mais ces 3 mots vont changer le destin de la jeune femme... 

Après ce premier texto, Getee et Tanguy échangent régulièrement. Et les premiers signaux envoyés par la jeune femme ne sont pas bons. "Son père, qui était décédé quelques années plus tôt, avait été un grand combattant contre l'Union soviétique, puis contre les talibans. Sa sœur travaille au ministère de la Justice. Et Getee est journaliste. Des femmes qui travaillent, qui plus est dans des institutions qui ont été créées par les occidentaux, sont très en danger", explique Tanguy.

Au fil de la discussion, pour le jeune homme, il devient de plus en plus urgent de trouver un moyen de sortir Getee de là. Tanguy se met alors en quête d'une solution, sans en parler à la jeune Afghane. "Il m'était impossible de dire à quelqu'un qui vit des heures très sombres 'je vais t'exfiltrer', alors que je n'ai aucun moyen tangible de le faire".  

Le chauffeur de taxi leur a sauvé la vie

Tanguy

Dans ce ciel particulièrement nuageux, persiste toutefois une petite lueur d'espoir : Tanguy est collaborateur parlementaire. Des contacts haut placés, il en a. "J'ai commencé à envoyer des textos à des conseillers ministériels, des patrons de presse...", retrace-t-il au micro de RTL. Même en plein mois d'août, les lignes bougent. "Beaucoup m'ont répondu alors qu'ils étaient en vacances".

Le 19 août, toujours sans solution viable, Tanguy découvre un communiqué de presse de France Télévision, appelant à sauver l'ensemble des journalistes afghans. "Je saisis qu'il y a un contact presse en bas. Je lui envoie un mail et une personne me répond dix minutes après". 5 jours plus tard, le 24 août, Getee obtient un laissez-passer pour elle et toute sa famille... 

Ce laissez-passer, c'est évidemment une excellente nouvelle, mais cela ne signe pas la fin des problèmes. Pour rentrer en France, il faut encore se rendre à l'aéroport. Et le chemin est miné de postes de talibans. "On a pris un taxi. Et comme ma famille est grande, j'ai pris deux taxis, relate Getee. Et après, on est allé jusqu'à l'aéroport". Sans surprise, la famille se fait arrêter par un checkpoint taliban. "Le chauffeur de taxi leur a sauvé la vie, intervient Tanguy. Au lieu de dire la vérité, il a dit 'non, ils rentrent chez eux'. C'est ce qui leur a permis d'aller à l'aéroport". 

L'arrivée en France, une adaptation difficile

Pressé par la foule qui se masse devant l'aéroport, Getee, sa grande sœur et son petit frère, parviennent à se frayer un chemin, et à monter dans l'avion. Ce n'est pas le cas de sa mère et des autres membres de la famille. En vol, Getee pianote sur son téléphone et envoie un message à son bienfaiteur. "S'il m'arrive quelque chose, merci d'avoir été là...", écrit-elle. 

36 heures après le décollage de l'avion, le 26 août, Tanguy reçoit une photo de la jeune journaliste, bien arrivée à Paris. 3 mois plus tard, Tanguy et Getee se rencontrent enfin. "On a réussi à les faire venir à Créteil, dans un centre d'accueil proche de Paris, pour qu'ils puissent commencer des études". Aujourd'hui, Getee a un travail : "assistante sociale chez Emmaüs Solidarité". Sa mère l'a rejoint, 3 après son arrivée sur le sol français. Et la journaliste a noué avec Tanguy, son ange gardien, des liens indéfectibles. "Il est toujours avec moi. Et dès que j'ai un problème, j'appelle Tanguy", sourit-elle.

Un jour, une vie, c'est votre nouveau rendez-vous sur RTL de 9h30 à 10 heures cette saison. Chaque jour, Faustine Bollaert vous invite à découvrir des femmes et des hommes ordinaires aux parcours de vie extraordinaires. 

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