"Notre cerveau n'est pas prêt à vivre ça" : à 34 ans, Laure découvre que son père n'est pas celui qu'elle pensait

Le 2 novembre 2018, Laure est âgée de 34 ans. En l'espace de quelques minutes, dans la maison familiale, sa vie va basculer. Elle découvre , en même temps que son frère cadet, que l'homme qui les a élevés n'est pas leur véritable père...

En cette journée d'hiver, les 3 frères et sœurs sont réunis par leur mère. Après les avoir isolés dans une chambre, elle saisit le portrait de leur père décédé et décide de tout dire. "Elle nous raconte toute leur histoire. Il y avait des éléments que je connaissais déjà : qu'ils ont eu un premier enfant qui est mort in utero. Et ensuite, que mon grand frère est né. Et puis, la maladie de mon père (un lymphome) qui survient quand mon frère n'a que deux mois. Et enfin, elle nous explique qu'au moment de l'annonce de cette maladie, ils ont appris que les traitements allaient le rendre stérile", retrace Laure.

Laure comprend alors : son père n'est pas son père biologique. Ainsi, les deux derniers de la fratrie sont nés grâce à un don de sperme. Son frère et elle sont sous le choc et peinent à digérer la nouvelle. "Notre cerveau n'est pas prêt à vivre ça, et je pense qu'il est dans le refus, puisque notre première réaction, c'est de dire 'mais je ne comprends pas, ce n'est pas possible', raconte-t-elle. C'était tellement bouleversant qu'on était tous sidérés, donc on n'a pas pu tellement dialoguer, c'est venu beaucoup plus tard". 

Il y a des hauts, des bas, des vides...

Laure

Après la sidération, place à l'acceptation. Et malgré 34 ans de mutisme, Laure n'en veut pas à sa mère. "Ils ne voulaient pas que nous, les enfants, on puisse imaginer que les parents fassent des distinctions entre mon frère aîné, fils biologique de mon père, et nous, les enfants qui ne sont pas ses enfants biologiques". La jeune femme estime que ces révélations ont contribué à façonner son histoire. "Il y a des hauts, des bas, des vides, des pleins, des creux, de la lumière, des parts sombres dans les histoires de nos parents, de nos familles. Mais ce qui est important, c'est de les avoir, qu'on nous les transmette...", explique-t-elle. 

Si elle comprend la décision de ses parents d'occulter la vérité, ces révélations ne sont toutefois pas sans conséquences. "Pendant plusieurs mois, cela trouble totalement l'identité. Dans mon miroir, je ne me voyais plus, j'étais floue, j'étais pixelisée", retrace Laure. En quête d'identité, la jeune femme décide alors de modeler, à sa façon, une image de son géniteur. "Je me disais 'puisque c'est comme ça, c'est un homme gay, il est pilote de chasse le jour et drag queen la nuit'. Je voulais qu'il ait quelque chose de rocambolesque en fait. Qu'il soit un petit peu fantasque", sourit-elle.

La quête de son géniteur

Il existe alors une façon fiable pour Laure d'obtenir l'identité de son géniteur : le test ADN. "Je l'ai fait, mais bien des années plus tard. J'ai mis beaucoup de temps avant de le faire, explique-t-elle. Cela me travaillait beaucoup. Au bout d'un moment, je me suis dit, 'puisque je me retrouve dans cette aventure, je tente'".

L'analyse génétique permet, dans un premier temps, de remonter jusqu'à une demi-sœur génétique. "On s'est rapidement appelées, on a échangé, elle avait en tout cas le même mode de conception. Donc ça, c'était incroyable". Cette femme du même père recherche, elle aussi, l'identité de leur géniteur.

Et grâce à leurs efforts conjugués, elles finissent par le retrouver. "C'est d'abord elle qui a échangé avec lui, ils se sont appelés". Une fois qu'il a raccroché, l'homme envoie un lien énigmatique aux deux filles. Celui-ci mène à une vidéo où l'on aperçoit clairement son visage. Pour la première fois, Laure sait à quoi ressemble son géniteur. "C'est incroyable à décrire", s'exclame-t-elle. Après la lecture de la vidéo, sa demi-sœur décide de le rencontrer. Laure, elle, ne souhaite pas le voir, pour le moment. "Grâce à elle, j'ai plein d'informations sur lui et c'est pour ça que je ne suis pas dans une recherche absolue de le retrouver. Il y a quelque chose de... 'Ça y est, j'ai toutes les cartes en main'". "Vous savez ce qu'il fait maintenant ?", demande naturellement Faustine Bollaert. Ni drag queen, ni pilote de chasse, la réalité est plus sobre :"Il est à la retraite", sourit Laure.

Un jour, une vie, c'est votre nouveau rendez-vous sur RTL de 9h30 à 10 heures cette saison. Chaque jour, Faustine Bollaert vous invite à découvrir des femmes et des hommes ordinaires aux parcours de vie extraordinaires.