1. Accueil
  2. Actu
  3. Société
  4. Tenue "républicaine" à l'école : 3 questions sur la réponse de Blanquer aux élèves
3 min de lecture

Tenue "républicaine" à l'école : 3 questions sur la réponse de Blanquer aux élèves

ÉCLAIRAGE - Après le mouvement #lundi14septembre contre l'interdiction de certaines tenues jugées "indécentes" dans les établissements scolaires, Jean-Michel Blanquer a répondu aux élèves qu'ils devaient s'habiller "de façon républicaine".

Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer dans une classe de collège à Laval (Mayenne) le 3 septembre 2018.
Emmanuel Macron et Jean-Michel Blanquer dans une classe de collège à Laval (Mayenne) le 3 septembre 2018.
Crédit : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP
Marie Zafimehy

"On vient à l'école habillé de façon républicaine". Sur RTL lundi 21 septembre, Jean-Michel Blanquer a incité les élèves à se vêtir d'une "tenue correcte" pour se rendre en cours. Une réponse stricte au mouvement du #lundi14septembre : organisé une semaine auparavant, celui-ci visait à protester contre l'interdiction des vêtements jugés "indécents" par les règlements intérieurs des établissements scolaires.

Sur les réseaux sociaux, les internautes se sont amusés de la rhétorique du ministre de l'Éducation nationale. Surtout, beaucoup se sont interrogés sur la signification de la périphrase "tenue républicaine". "À deux doigts de lancer une cagnotte pour financer des crop tops (t-shirts coupés plus hauts que la taille, NDLR) très courts MAIS bleu blanc rouge", a ironisé la militante féministe Caroline de Haas sur Twitter. D'autres, comme la journaliste Maïa Mazaurette, se sont imaginés les élèves venir au lycée ou au collège, le sein dénudé comme Marianne, allégorie de la République. Des blagues comme autant de réponses en soutien au mouvement féministe lancé par les collégiennes et lycéennes.

1. D'où vient le mouvement #lundi14septembre ?

#BalanceTonBahut, #BalanceTonProf... Avec la rentrée, les hashtags dénonçant les violences sexuelles au sein des établissements scolaires se sont multipliés. C'est dans cette lignée que des lycéennes et collégiennes ont lancé celui du #lundi14septembre avec un mouvement éponyme. L'objectif : protester contre l'interdiction de shorts, jupes, robes, t-shirts courts, jeans déchirés ou encore hauts décolletés dans les collèges et lycées. D'autant plus en pleine vague de chaleur

Le message se répand vite sur les réseaux sociaux pendant le week-end, et le Jour J, nombreuses sont celles à poster les photos de leur tenue jugée "indécente" par leur établissement. Une manière de dénoncer également le double standard sexiste qui règne à l'école : quand les garçons peuvent mettre des shorts et des débardeurs, les filles ne peuvent parfois pas se découvrir les jambes ni les épaules sous peine de sanctions pouvant aller de l'avertissement à l'exclusion.

2. Quelle est la réponse du gouvernement ?

À lire aussi

Le jour-même, interrogé au sujet du mouvement largement suivi au sein des établissements scolaires, Jean-Michel Blanquer a répondu aux élèves qu'il "(suffisait) de s'habiller normalement" et en appelait au "bon sens". Des propos maintenus sur l'antenne de RTL une semaine après : "L'école n'est pas un lieu comme les autres, a répété Jean-Michel Blanquer. Vous n'allez pas à l'école comme vous allez à la plage ou en boîte de nuit (...) Chacun peut comprendre qu'on vient à l'école habillé d'une façon républicaine." 

Selon lui, les lycéens et lycéennes ont matière à négocier le règlement intérieur de leur établissement scolaire qui est là pour leur "protection" quel que soit leur genre. "Je souhaite qu’il y ait une certaine sobriété en la matière parce que là aussi c’est un enjeu d’égalité sociale puis de protection des filles et des garçons", a-t-il ainsi ajouté.

Emmanuel Macron lui-même a réagi vendredi dernier. Interpellé par un élève à Condom (Gers) où il était en visite pour les Journées du Patrimoine, il s'est contenté de reprendre les paroles de son ministre consacrées au "bon sens" avant de poursuivre : "Il y a une liberté vestimentaire" mais c'est "une bonne chose qu'on essaie de garder quelques codes au collège, au lycée. Parce qu'après on ne sait jamais où ça s'arrête".

3. Pourquoi est-ce un combat féministe ?

Des paroles officielles loin de satisfaire les principales intéressées (et leurs aînées). Car derrière les règlements intérieurs des établissements scolaires se cachent d'abord les injonctions depuis longtemps faites aux femmes sur leur corps et leur apparence physique. Ceux-ci font l'objet d'une constante sexualisation, au contraire de ceux de leurs homologues masculins. 

Le même mécanisme sexiste était à l'oeuvre au début du mois de septembre lorsque l'entrée au musée d'Orsay a été refusée à une étudiante en raison de son décolleté, ou encore lorsque 20% des Français et Françaises estimaient en juillet dernier que la vue des tétons était une circonstances atténuantes en cas de d'agression sexuelle.

Par ailleurs, de tels principes participent à ce que l'on appelle la culture du viol, c'est-à-dire culpabiliser les femmes pour les violences sexuelles qu'elles subissent. "Nos tenues ne sont pas le problème. Le problème, c’est le harcèlement, les agressions et les viols", a ainsi rappelé le collectif #NousToutes sur les réseaux sociaux. 

Plusieurs militantes féministes, comme Camille du compte Instagram @jemenbatsleclito, on également apporté leur soutien au mouvement du #lundi14septembre qui est loin de s'essouffler. Celui-ci a même abouti à la création du collectif "Riposte Féministe" dont l'objectif est de protester contre le sexisme dans les établissements scolaires : lundi 21 septembre, l'organisation a lancé l'opération #R