Pesticides néonicotinoïdes : Hulot "appelle les députés à ne pas voter cette loi"
Un projet de loi sur la réintroduction temporaire des pesticides néonicotinoïdes, connus pour être néfastes pour les abeilles, va être examiné à l'Assemblée nationale à partir du lundi 5 octobre.

Un projet de loi controversé sur la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves va être examiné à l'Assemblée nationale à partir de lundi 5 octobre. L'ancien ministre de l'Écologie Nicolas Hulot "appelle les députés à ne pas voter cette loi".
Le projet de loi prévoit le recours temporaire et encadré à ces insecticides, pourtant néfastes pour les abeilles. "J'appelle les députés à ne pas voter cette loi. Prolonger l'usage des néonicotinoïdes pour la filière de la betterave, alors que leur interdiction a été votée en 2016, ce n'est pas une solution", a-t-il déclaré dans un entretien au Journal du dimanche.
Le gouvernement justifie cette réintroduction controversée par la sauvegarde d'une filière qui emploie 46.000 personnes dont 25.000 agriculteurs. En effet, dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d'insecticide sont atteintes de "jaunisse", en raison d'un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes.
Mais avec ce texte, le gouvernement est accusé de brouiller son message sur sa communication en termes de transition écologique.
Le secteur de la betterave en difficulté
Si "réautoriser les néonicotinoïdes n'est pas la solution", Nicolas Hulot concède qu'"on ne peut pas laisser ce secteur (de la betterave, ndlr) au bord de la route." "Ma fondation a estimé les pertes pour cette année à 77 millions d'euros pour les betteraviers. Indemnisons-les en échange de la mise en place de pratiques", en allongeant les rotations ou en réintroduisant des haies, a proposé l'ancien ministre.
La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui avait elle-même porté en 2016 la loi interdisant ces insecticides, appuie désormais leur réautorisation ciblée. "Je ne lui jette pas la pierre. J'ai été dans des situations identiques en ayant à gérer des injonctions contradictoires", tempère Nicolas Hulot, qui avait démissionné de ses fonctions de ministre en septembre 2018 avant de démissionner avec fracas, estimant que les actions de l'exécutif étaient insuffisantes.
Pour le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, qui s'exprimait sur France 3, "Nicolas Hulot et tous ceux qui vous disent qu'il y a une alternative se trompent : il n'y a pas d'alternative, y compris économique" à cette mesure destinée à protéger la filière française du sucre, lui permettre de "passer le gué".
Pour autant, "cette dérogation (à l'usage des néonicotinoïdes, ndlr) ne concernera que la betterave sucrière" et sera inscrite dans la loi si les députés la votent, a affirmé Julien Denormandie.
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