"On traite les hommes moins bien que des chiens" : l'alerte des évêques de France sur la surpopulation carcérale

Ce week-end des 13 et 14 décembre est marqué par le Jubilé mondial des prisonniers, un événement auquel la France prend part. À cette occasion, des évêques entreront dans les prisons pour un moment de prière et de communion avec les détenus.

Dans l'Hexagone, ce jubilé prend une tournure plus politique avec la publication d'un plaidoyer de l'Église adressé aux autorités. Ce texte vise à alerter sur la situation des prisons françaises. Rappelons que tout au long de l'année, des aumôniers visitent régulièrement les détenus et lancent des appels pour dénoncer la surpopulation carcérale.

Des conditions de détention y sont dénoncées

Fort d'une présence à l'année dans les prisons, l'aumônier général de l’aumônerie catholique des prisons, Bruno Lachnitt, a pris sa plume. Les phrases de son texte d'une cinquantaine de lignes mêlent références bibliques et constats empiriques de ces aumôniers dans les prisons françaises.

Les conditions de détention y sont dénoncées : sentiment d'humiliation, augmentation de la violence ou encore de l'oisiveté. "Je vois des cellules de deux où ils sont quatre avec deux matelas par terre. Je vois des cellules pour une personne où ils sont deux, voire trois avec un matelas par terre, mais également des conditions indignes. D'ailleurs, les conditions de détention dans nos maisons d'arrêt aujourd'hui sont inférieures aux normes européennes des chenils. C'est 5 mètres carrés pour un chien dans un chenil. On traite les hommes moins bien que des chiens", déplore Bruno Lachnitt.

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La conclusion du texte est implacable. La surpopulation carcérale empêche que les personnes détenues ne ressortent meilleures. L'Église appelle les responsables politiques et les juges à changer de paradigme avec cette phrase pleine d'assurance : "Le tout carcéral est une impasse".

Une tradition depuis 2016

Tout le week-end, ce ne sont pas moins de 102 établissements pénitentiaires qui seront visités par des évêques de France. Ce jubilé des prisonniers a été mis au premier plan par le pape François en 2016 puis la tradition s'est prolongée avec son successeur Léon XIV. 

Les détenus ne peuvent pas sortir pour le célébrer? les évêques iront donc dans les prisons directement pour communier avec les détenus qui le souhaitent. Ce dimanche 14 décembre, Jean-Luc Brunin, évêque du Havre et signataire du plaidoyer, se rendra au centre pénitentiaire de sa ville. 

"Je dis toujours aux détenus : 'Vous n'êtes pas des gens à part parce que la prison, elle est là pour envisager une réinsertion'. La surpopulation carcérale aujourd'hui empêche aussi le personnel pénitentiaire d'assumer leur mission de restauration de l'humain parmi les détenus", argumente-t-il. Un temps de prière et de réflexion donc, mais également de combat pour la réinsertion des détenus dans la société.