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Réouverture de prisons, construction de nouvelles maisons d'arrêt... Les défis face à la surpopulation carcérale

La surpopulation carcérale atteint des niveaux records. Une situation qui interroge alors qu'il y a des prisons qui sont aujourd'hui vides. C'est le cas de celle de Clairvaux (Aube), fermée depuis 2023.

Jusqu'en 2023, l'abbaye de Clairvaux était une prison

Crédit : Manuel Cohen / Manuel Cohen via AFP

PRISONS - La maison d'arrêt de Perpignan au bord de l'explosion

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Clairvaux, symbole de ces prisons vides alors que la surpopulation carcérale bat de nouveaux records

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Thomas Beker & Cindy Hubert - édité par Justine Audollent

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Le compte n'y est pas. Au 1er mai, il y avait 83.681 détenus pour 62.570 places en prison. À Perpignan, la maison d'arrêt est au bord de l'explosion avec 257% de suroccupation des cellules qui sont parfois triplées. Pour la toute première fois de son histoire, la prison des femmes est obligée de refuser des détenus. Chez les hommes, il y a 339 détenus pour 132 places.

"Tous les deux jours, on a des stop-écrous. C'est-à-dire que quand on nous envoie des détenus et qu'il n'y a plus une seule place au sol, ils sont déroutés sur des autres établissements. Ça devient catastrophique. Comment voulez-vous faire quand vous avez un incident à une cellule et que vous n'avez plus aucune autre cellule disponible pour enlever le détenu et le mettre en sécurité dans une autre cellule puisqu'il n'y a plus de place ? Ça crée des tensions entre détenus", déplore Pierre Grousset, surveillant et représentant UFAP-UNSA-Justice. 

Pour protester contre le manque de douche, seulement trois par semaine, et contre les invasions de punaises de lit, une quarantaine de détenus ont bloqué la cour de promenade pendant quatre heures il y a quelques jours.

Clairvaux, symbole des prisons vides

La surpopulation carcérale est d'autant plus un problème qu'il existe aujourd'hui en France des prisons vides. C'est le cas de Clairvaux, une maison centrale isolée aux confins du département de l'Aube et vide depuis deux ans.

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Cette célèbre prison enferme depuis Napoléon des détenus condamnés à de longues peines. Émile Louis, Jacques Mesrine, Guy Georges sont passés par là. Didier Gérard, surveillant pénitentiaire à Clairvaux pendant plus de 30 ans, ne comprend toujours pas pourquoi l'État, qui cherche des places de prison, a fermé Clairvaux. "Je l'ai toujours en travers, la fermeture de cet établissement. On nous a tout reproché sur cet établissement. Nous dire qu'il était vétuste. Que nenni, il n'y avait rien de tout ça", souligne-t-il au micro de RTL. 

Aujourd'hui, les 34 hectares du site appartiennent au ministère de la Culture qui organise des visites de l'abbaye, un héritage vieux de dix siècles.

Des élus poussent pour la réouverture de Clairvaux

Dans cette quête de places de prison, certains élus poussent pour que la maison centrale de Clairvaux rouvre. Le maire de Troyes François Baroin multiplie les coups de téléphone au ministre de la Justice, Gérald Darmanin, pour le convaincre.

"Clairvaux était tout à fait adaptée. Avant de la fermer, l'État avait remis une quinzaine de millions, c'était il y a deux ans. Il ne fallait pas beaucoup d'argent, il ne faut pas beaucoup d'argent pour la réhabiliter. Je pense que Clairvaux a toute sa place dans le nouveau dispositif pénitentiaire", indique-t-il. 


La prison pouvait générer jusqu'à 800 emplois. Depuis la fermeture, Claudine, gérante d'un restaurant connu pour être la cantine des surveillants pénitentiaires, ne cache pas sa colère. "On n'a plus de gendarmerie, l'école est fermée, il n'y a plus de surveillants, donc les familles sont parties. Tous les jours, on entend 'Ça manque de prison en France" et on ferme Clairvaux. Pourquoi ?", s'interroge-t-elle. 

À Magnanville, un projet de prison farouchement combattu

Rouvrir une prison ne semble pas poser de problème contrairement à en construire de nouvelles. À Magnanville (Yvelines), un projet de prison est farouchement combattu à la fois par les élus et par les habitants. La prison doit être construite en face du lycée Léopold Sédar Senghor. Depuis quatre ans, quatre dossiers et 300 pages ont été envoyées au ministère de la Justice pour empêcher le projet.

"Quand on arrive de la campagne par là, où il y a toutes les communes, tous les petits villages, où les jeunes viennent au collège et puis au lycée de Magnanville, passent par là. Donc, obligatoirement, quand les gens voient ça, ils se disent 'c'est pas possible, on va pas faire ça ici'", explique Patrick Magny, président de l'association "Tous mobilisés contre la prison à Magnanville". 

Le maire de la commune, lui, assure que le combat contre cette méga-prison n'est pas terminé. Pour expliquer les difficultés de l'État, il y a aussi des raisons budgétaires. Construire une place de prison nécessite 400.000 euros avec un délai moyen de sept ans. Sur les 15.000 places promises par Emmanuel Macron en 2017, moins de 5.000 ont été livrées.

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