Elle veut briser "l'omerta" et "le secret". Le 29 janvier 2020, Sarah Abitbol témoigne dans les colonnes de L'Obs des violences sexuelles dont elle a été victime lorsqu'elle était adolescente. La championne du monde de patinage artistique publie tout juste son livre, Un si long silence, dans lequel elle accuse son ex-entraîneur de viol et la hiérarchie de l'avoir couvert, malgré ses signalements.
"Il faut que la honte change de camp il faut parler, se soulager, il faut arrêter de se sentir coupable", confie la patineuse au micro de Flavie Flament le lendemain de ces révélations.
Son ex-entraîneur, identifié comme étant Gilles Beyer, reconnaît des "des relations intimes" avec elle. "J'ai conscience de ce que, compte tenu de mes fonctions et de son âge à l'époque, ces relations étaient en tout état de cause inappropriées."
Il faut que la honte change de camp il faut parler, se soulager
Sarah Abitbol, ancienne championne de patinage artistique
Dans l'immédiat, le monde du patinage artistique semble tomber des nues. Pourtant, il s'avère que la Fédération et même le ministre des Sports de l'époque savaient. Indignée, Roxana Maracineanu, actuelle ministre des Sports, exhorte Didier Gailhaguet, à la tête de la Fédération à démissionner. Ce qu'il finit par faire, au terme de plusieurs jours de différend pendant lesquels il nie avoir couvert Gilles Beyer. Il est remplacé par Nathalie Péchalat, ancienne championne d'Europe de patinage artistique.
Rapidement, le témoignage de Sarah Abitbol en entraîne des centaines d'autres. Athlétisme, natation, équitation, judo : les violences sexuelles semblent toucher toutes les disciplines sportives. "On veut que cela serve aux autres", témoignent ainsi les anciennes skieuses françaises Catherine Gonseth et Claudine Emonet sur les réseaux sociaux. L'ampleur des scandales rappelle l'affaire Larry Nassar, du nom de ce médecin du sport condamné à la prison pour avoir agressé sexuellement des centaines de jeunes gymnastes Outre-Atlantique.
En France, Roxana Maracineanu annonce en juillet qu'un total de 90 procédures judiciaires sont en cours pour des faits de violences sexuelles dans 40 fédérations sportives. Un chiffre qui ne cesse d'augmenter : en novembre, la ministre des Sports a indiqué sur Public-Sénat qu'un total de 330 affaires étaient étudiées par ses services.
Des allégations souvent couvertes par les responsables sportifs. Ces victimes "quand elles ont été entendues, on a clairement préféré qu’elles se taisent ou qu’elles fassent des procès à huis clos et qu’on n’ébruite pas le sujet", a insisté Roxana Maracineanu. Des dysfonctionnements qui, elle le reconnaît, sont aujourd'hui nécessaires de pallier en urgence.
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