"La foudre est tombée à 20m de moi" : chausseuse d'orage, elle raconte les coulisses d'une passion parfois dangereuse

Lorsqu'un orage éclate et que la foudre s'abat sur le sol, provoquant un grondement assourdissant, quel est votre premier réflexe ? Courir vous réfugier ? Une réaction logique, voire instinctive. Pourtant, Lauriane, elle, fait tout le contraire. Lorsqu'un orage, une tempête, ou encore un ouragan approche, la photographe, au lieu de fuir, cherche immédiatement un point de hauteur pour immortaliser cette manifestation de la nature. 
"Ce qui m'intéresse, c'est surtout l'aspect artistique, la créativité photographique, mais aussi l'aspect pédagogique et vulgarisation". Voilà ce qui a poussé la jeune femme à devenir chasseuse d'orages. Une fascination pour la foudre née à 8 ans, lorsqu'une tempête s'abat sur sa ville, à Nîmes. "Cela m'a donné une curiosité. Je voulais comprendre le pourquoi du comment", explique-t-elle.

Depuis, sa passion ne l'a jamais quittée, au point de devenir une pointure dans son domaine. Un succès qu'elle doit en grande partie à un cliché de la Tour Eiffel. Sur cette photo légendaire, un éclair s'abat sur le paratonnerre de La Dame de Fer, illuminant le ciel obscurci de la capitale. "Cela faisait un moment que je voulais la photographier. J'ai vu à la météo qu'ils annonçaient des orages. J'ai voulu me positionner sur la place du Trocadéro, mais on était en plein montage des Jeux Olympiques de 2024. La place était remplie de parapluies et ils attirent la foudre. Il y avait des CRS partout. J'ai demandé à un policier si je pouvais trouver un point pour me surélever. Et il m'a gentiment proposé de me mettre sur un pot de fleurs", retrace-t-elle. 

Si sa passion lui a offert des souvenirs impérissables, comme celui-ci, elle lui a également offert son lot de frayeur. Notamment ce jour où un éclair s'est abattu à moins de "20 mètres" d'elle. La jeune femme s'était alors retrouvée propulsée en arrière, reflétant la puissance du choc. Quand l'éclair frappe si proche de vous : "on entend d'abord le bruit et la lumière vient après", détaille-t-elle. 

Entre mythes et réalités

Le métier de chasseur d'éclairs et plus globalement, l'univers de l'orage et de la foudre, entraîne dans son sillage son lot de questionnements et de mythes. Et parmi les interrogations qui reviennent le plus, celle-ci : comment différencier un orage, un ouragan et une tempête ? "Une tempête, c'est un phénomène météo, souvent lié à une dépression. Un système dépressionnaire qui va engendrer des vents forts qui vont dépasser les 100 kilomètres heure, explique-t-elle avant de le distinguer de l'ouragan : "Il est souvent lié à un phénomène cyclonique qui est encore plus violent. Et donc là, on peut dépasser les 130, 140 km/h". Et enfin, l'orage est quelque chose de plus local. Mais s'il couvre une zone moins large, il n'en reste pas moins dangereux. "On doit se méfier beaucoup plus d'un orage qui, ponctuellement et localement, va pouvoir être plus violent qu'une tempête par exemple". 

Imaginez maintenant qu'un orage s'abatte sur votre maison. Protégé par le paratonnerre qui domine le toit de votre petite bâtisse, vous vous sentez en sécurité. Avant de vous plonger dans les bras de Morphée, vous décidez d'ouvrir la fenêtre. Le bruit de la pluie, des gouttes ruisselants sur les tuiles de votre toit, avant de mourir sur le sol, vous aidant à vous endormir. Grave erreur ! "La foudre peut rentrer si vos fenêtres sont ouvertes", prévient la photographe. Attention également à vos appareils électroniques, qu'il vaut mieux débrancher. Sans oublier l'eau, avec laquelle il est préférable d'éviter tout contact (robinet, douche...). 

Et si, à la place d'être à l'abri, chez vous, lorsque l'orage se déclare, vous arpentez les rues du centre-ville et n'avez comme solution de repli, que votre voiture ? Est-ce une bonne idée de s'y réfugier ? "Oui", répond Laurianne, à condition de ne pas toucher les parties métalliques. Car, oui, le métal est un excellent conducteur. Rangez donc vos parapluies en cas d'activité orageuse importante. "Il vaut mieux se faire mouiller que foudroyer", ironise-t-elle. Et enfin, de quoi rassurer les angoissés de l'avion : "Non, on ne peut pas être frappé par la foudre en avion. Celui-ci est protégé, et équipé pour pouvoir endurer cette activité électrique".