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Nous sommes en mai 2019. Chez lui, dans son salon, Thomas 31 ans, regarde la télé et découvre un reportage bouleversant. Son nom : Les enfants vendus du Sri Lanka. Dans cette enquête, les journalistes révèlent l'existence d'un trafic illégal d'enfants à grande échelle. Au total, Ils seraient 1 500 à être nés au Sri Lanka dans les années 1980, avant d'être vendus puis adoptés en France. Ces destins tragiques trouvent un écho particulier dans l’histoire de Thomas, lui aussi originaire de ce pays et adopté dans les années 1980.
Autre indice majeur, dans cet extrait qu'il visionne à la télé, un nom est évoqué, celui de Madame Pereira. Présentée comme la cheffe du réseau, cette femme ne lui est pas inconnue. "C'est la personne dont ma maman adoptive m'a toujours parlé en me disant que c'était son ange et que c'est grâce à elle qu'elle m'avait eue. Mes parents ont même une photo avec elle. Je sais que nombreux des couples qui ont adopté par l'intermédiaire de cette association ont une photo avec Madame Pereira", confie-t-il.
À cet instant, un doute profond s’installe. Lorsque Thomas éteint sa télévision, les larmes montent. Si pour le moment rien n'atteste qu'il fait partie de ces enfants volés, au plus profond de lui, il sent que quelque chose d'étrange se trame. "Ça remet tout en question en fait, ça remet la pseudo-histoire qu'on m'a racontée et ce que va être la suite ?"
"Elle n’aurait jamais arraché un bébé des bras d’une mère"
Thomas à propos de sa mère adoptive
Au téléphone, sa mère adoptive, elle, est catégorique. "Tu sais Thomas, on ne se sent pas du tout concernés par ça", lui dit-elle. Thomas, lui, est convaincu d’une chose : sa mère n’a pas pu participer consciemment à un trafic. "Elle n’aurait jamais arraché un bébé des bras d’une mère", insiste-t-il.
Dans la journée, sa mère se décide tout de même à jeter un coup d'œil au documentaire. Et le choc est immense. "Monte à la maison, on va regarder ton dossier", s'empresse-t-elle de dire à Thomas. Sans possibilité de faire le lien entre les deux histoires, Thomas entre dans la foulée en contact avec Céline, qui a témoigné dans le reportage. Elle lui propose alors d’envoyer son dossier d'adoption pour le faire vérifier.
Avec l’aide d’un contact local, Andrew, Céline analyse les documents. Quelques jours plus tard, le verdict tombe : le dossier est falsifié. Nom, prénom, date et lieu de naissance… Tout a été inventé pour lui créer une nouvelle identité. Mais au milieu de cet océan de mauvaises nouvelles, une bonne nouvelle parvient à émerger : Andrew et Céline pensent avoir retrouvé la mère biologique de Thomas. Un test ADN est effectué, et le résultat est positif.
En novembre 2019, Thomas prend l’avion pour ce qu’il appelle "le voyage de sa vie", direction le Sri Lanka. À son arrivée, un douanier sort de son bureau, l’enlace et lui dit : "Bienvenue chez toi" Trois jours plus tard, accompagné d’Andrew, Thomas se rend chez sa mère biologique. Le moment est solennel. Et les retrouvailles forcément émouvantes. Dès qu’elle le voit, sa mère biologique le serre dans ses bras. Cela faisait 35 ans qu’elle l’attendait. Son mari, ému, lui glisse : "Merci d’être venu Thomas, je n'avais jamais vu ma femme sourire".
De retour en France, Thomas dit se sentir "complet". Ce voyage lui a permis de se reconstruire. Depuis, il a beaucoup voyagé, et gagné en indépendance. Quant à Madame Pereira, celle par qui tout a commencé, elle n’a jamais été inquiétée par la justice. Les faits sont prescrits.
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