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"J'ai assisté à plus de 250 concerts" : photographe de David Bowie pendant plus de 30 ans, il témoigne sur RTL

À 15 ans, la majorité des enfants veulent devenir footballeur, pompier ou avocat. Philippe, lui, avait d'autres ambitions. Passionné par la photographie et fan de David Bowie, il a tout fait pour concilier ses deux passions.... Jusqu'à devenir le photographe attitré de son idole.

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Philippe, de fan à photographe officiel de David Bowie

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Eugène Duval

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S'il devait garder un seul titre de David Bowie ? "Drive in Saturday, répond Philippe. Grâce à lui, j'ai commencé à voir en couleur". La première fois qu'il a entendu la célèbre rockstar, le photographe s'en souvient comme si c'était hier. Nous sommes en décembre 1972. Philippe âgé de 15 ans, forge sa culture musicale grâce à la radio, et une émission en particulier : Le Pop-club, présenté par José Artur. 

Parmi les chansons qui défilent, une retient son attention : The Jean Genie, signée David Bowie. Ce qui l'interpelle, c'est surtout cet artiste dont il n'a, jamais, entendu parler. Nous sommes dans les années 70, et la carrière du chanteur n'en est qu'à ses balbutiements. Ce sont les premiers passages de la future rockstar à la radio.


Guidé par sa curiosité, le jeune garçon prend le chemin du marchand de presse. Il pénètre sous le préau et se plonge dans les revues en quête d'une quelconque représentation de ce David Bowie. Et puis, après quelques minutes d'intenses recherches, ses yeux se posent sur un homme habillé d'une robe. Cet homme, étrangement vêtu, c'est justement David Bowie. Lorsqu'il rentre chez lui, Philippe est en extase. "J'arrive et je dis à mes parents, j'ai vu le plus bel homme et la plus belle femme de ma vie", retrace-t-il. Le style folklorique de ce chanteur avant-gardiste, détonne avec la mode de l'époque. "On était dans une espèce d'époque post-babacool, un peu grisonnante, chevelue, un peu tristounette", ajoute-t-il. 

La première fois qu'il aperçoit son idole

Moins d'un an plus tard, en 1973, Philippe aperçoit pour la première fois son idole. En ce mois de mai, le chanteur est à Georges V pour une conférence de presse. Philippe est dans une boutique de disque lorsqu'il apprend que le britannique est à proximité. Sans attendre, le jeune garçon se rend sur place. Mais il déchante très vite : l'accès lui est prohibé. Pas grave, il l'attendra à la sortie. 1 heure passe, puis 2, puis 3... Et les portes de l'hôtel s'entrouvrent... Un photographe en sort : c'est Jean-Pierre Leloir. Ce n'est pas David Bowie, mais il est très connu - pour ses clichés dans le milieu du Jazz notamment. 

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Pragmatique, Philippe entame une discussion avec l'illustre photographe, en quête d'une quelconque accréditation. Si Jean-Pierre Leloir n'a aucun moyen de le faire rencontrer son idole, il lui promet toutefois de lui envoyer l'un de ses clichés du chanteur britannique. Chose promise, chose due. "C'est la première fois qu'indirectement, j'ai pu voir David Bowie", confie-t-il. 

À ce moment-là, le jeune adolescent est déjà passionné par la photographie. Mais ses modèles, ce sont des vaches et des trains, et tout ça, il le fait pour le loisir. Mais au fil des clichés qu'il observe dans les revues, il comprend que le meilleur moyen d'approcher ses idoles sur scène, c'est de faire de la photographie professionnelle. Ainsi, une bascule s'opère, et Philippe prend une décision : il va concilier ses deux passions en devenant photographe de rockstars. 

Collaboration avec les maisons de disques

Mais pour rentrer dans ce monde qu'il sait très fermé, le jeune garçon doit se perfectionner : "Je commence à apprendre à rephotographier les photos. Pour apprendre à jouer avec la lumière, pour apprendre un peu les mimiques...". Cela devient vite insuffisant, alors, il se tourne vers les maisons de disques. Philippe leur demande s'ils pourraient lui envoyer des photos à reproduire dans son "petit laboratoire". Et contre toute attente, cela fonctionne. Et de fil en aiguille, le jeune garçon entre en contact avec Pathé-Marconi, une entreprise française spécialisée dans l'industrie musicale. "Quand ils recevaient une photo de Londres ou de New York pour distribuer aux journaux, ils passaient par Picto - agence d'impression numérique - pour faire les duplicatas", explique-t-il à propos de l'enseigne musicale. 

Un lien gagnant-gagnant se noue ainsi entre les deux parties. D'un côté, Philippe permet à Pathé-Marconi d'obtenir des duplicatas à faible coût. Et en échange, l'apprenti photographe tire de sa passion un petit revenu, en plus d'acquérir une précieuse expérience.

Cela dure un certain temps. Jusqu'à ce qu'il reçoive un appel. Au bout du fil : RCA, la maison de disques de David Bowie. "Est-ce que tu es libre pour partir une semaine avec nous ?", lui demande la voix au téléphone. Philippe s'interroge, "C'est pour quoi ? C'est pour qui ?", demande-t-il. Mais son interlocuteur est catégorique, c'est oui, ou non, et il n'aura pas plus de précisions. 

Ses premiers clichés avec David Bowie

Philippe accepte. Rendez-vous, la Gare du Nord, où il rencontre l'équipe de RCA. Sur place, le manager lui explique qu'ils partent pour Londres. Et dans le train, enfin, il lui avoue que la célébrité qu'il va capturer avec son appareil photo - acheté après 4 ans d'économies - c'est David Bowie. "Tu vas faire les photos de presse pendant les concerts de Wembley, pour cataloguer les articles", lui explique le manager. Philippe touche son rêve du doigt. 

La suite se passe en Angleterre. "Je fais ma première photo pour laquelle je me suis préparé pendant trois ans", sourit-il. Le premier cliché qu'il capture, où la rockstar porte un treillis militaire, a les cheveux gominés en arrière et lève la main droite, est devenu culte. Une dizaine d'autres suivront. Philippe a même eu l'occasion d'échanger quelques mots avec son idole. "On s'est parlé avant les concerts, on me l'a présenté", dit-il sobrement.

David Bowie et son équipe ont tellement apprécié son travail qu'il va ensuite les accompagner sur plus de 250 concerts, dépassant les 30 ans de collaboration. Le 10 janvier 2016, la rockstar décède d'un cancer du foie. Cela faisait déjà quelques années qu'il ne montait plus sur scène, affaiblit par de multiples problèmes de santé. Dans un dernier instant de nostalgie, Philippe se souvient de l'ultime fois où il l'a photographiée sur scène. "C'était lors d'un de ses derniers concerts de la tournée 'A Reality tour', juste avant son infarctus à Lille". 

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