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"J'ai voulu me suicider avec mon arme" : chef de la brigade des stupéfiants, il tombe dans la drogue et raconte sa descente aux enfers

Il a gravi les échelons de la police jusqu'à devenir chef de la brigade des stupéfiants... Avant de basculer du mauvais côté. Au point de consommer lui-même l'héroïne qu'il saisissait. Addiction, chute, rédemption, reconversion... Thierry Roudil se confie au micro de Faustine Bollaert.

De la cocaïne.

Crédit : DR

Ancien chef de la brigade des stupéfiants, il est tombé dans la drogue

00:25:07

Eugène Duval

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Si Thierry est devenu policier, c'est pour sa compagne. C'est aussi pour elle, qu'il a sombré dans la drogue et dans l'alcool, alors qu'il portait encore l'uniforme des gardiens de la paix. Au micro de RTL, cet ex-chef de la police raconte sa descente aux enfers, et son combat pour sortir de l'addiction.

Thierry intègre les rangs de la police à 21 ans. Il a laissé tomber ses études en biologie pour suivre sa compagne de l'époque, elle, secrétaire dans la police nationale. D'abord chargé de la circulation parisienne, il intègre la brigade des stupéfiants de Lyon et en prend les rênes en janvier 1996. Survient alors une grosse affaire de cocaïne. L'enquête, très chronophage, prive le jeune policier de sa vie de famille. "Ce sont des planques qui vont avoir lieu essentiellement la nuit et les week-ends. Et à partir de là, ma vie de famille et ma vie de couple vont se retrouver chamboulées". Au point de vaciller, puis de totalement basculer. Un beau jour, sa femme part, sans jamais revenir. Pour Thierry, c'est le début d'une inexorable descente aux enfers.

Le jeune homme peine à se remettre de sa rupture. Et pour noyer son chagrin, il plonge dans l'alcool. "Je buvais un petit peu. Et là, je me mets à boire très régulièrement", confie-t-il au micro de Faustine Bollaert. À sa peine déjà immense, vient s'ajouter un autre chagrin. Alors qu'il ne s'est pas encore totalement remis de sa précédente rupture, Thierry se prend de passion pour une jeune femme. Une idylle de courte durée, car il apprend qu'elle est l'amante d'un dealer sur lequel sa brigade enquête. Le jeune homme flirte avec l'illégalité, mord la ligne rouge, puis la dépasse : il se réveille un matin, au côté de cette fille. "Je me rends compte que j'ai fait une connerie. J'ai chuté dans ma déontologie policière", reconnaît Thierry.

"J'avais des crampes au ventre, dans les mains, dans les doigts"

Thierry Roudil

Affaibli par les deux échecs consécutifs qu'il vient d'essuyer, le gardien de la paix plonge encore plus dans l'alcool. Et d'une addiction à l'autre, il n'y a parfois qu'un pas. Thierry se souvient qu'il y a, dans le coin de l'armoire métallique qui meuble son bureau, un sachet d'un kilo de cocaïne. "Il était là parce que le commissaire l'avait détourné pour rémunérer son indicateur", retrace-t-il. 

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Un matin, il pioche dans le sachet, une pincée de poudre blanche. Un simple essai, qui va se transformer en consommation quotidienne, puis en addiction. "Un jour, je me réveille, j'ai des symptômes de manque : j'avais des crampes au ventre, dans les mains, dans les doigts. J'avais envie de vomir, j'avais froid...", confie-t-il, la voix tremblante. 

Au bout de 10 mois de consommation récurrente de cocaïne, ses proches commencent à relever des signaux. "Elle trouvait que j'étais amaigri", dit-il à propos de sa mère. Mais personne ne s'imagine qu'il est allé aussi loin. "J'en prenais matin, midi, soir. J'en prenais le matin avant d'aller au boulot. J'en prenais ensuite vers midi, quand l'agitation arrivait, j'en prenais dans les toilettes, puis je tirais la chasse et je reprenais mon travail. Et le soir, après, je rentrais chez moi et de nouveau, un peu de drogue". 

Un soir Thierry, se sentant seul, va loin, trop loin. "J'ai voulu me suicider, avec mon arme. J'ai failli passer à l'acte. Mais j'ai pensé à ma mère et c'est ce qui m'a sauvé", s'étrangle-t-il. Sans doute l'électrochoc manquant, pour mettre fin à cette spirale infernale. Le lendemain matin, il décide de dire stop à l'addiction. Plein de courage, il se rend au poste, là où il travaille, et avoue tout à ses collègues. "Quelques heures plus tard, mon chef, arrive dans mon bureau et me dit 'il y a une rumeur qui dit que'. Je le coupe ; 'patron, la rumeur est exacte'". Nous sommes le 24 décembre 1998, Thierry espère que la magie de Noël va opérer.

L'horizon s'éclaire enfin

Dès lors, un accompagnement médical se met en place. "Le médecin d'administration me donne des médicaments de substitution", raconte-t-il. Le policier, d'abord placé en arrêt-maladie, est finalement radié au mois de juillet. Une exclusion, accompagnée d'une condamnation en 1999, pour 3 barrettes de cannabis qu'il avait détournées. "J'ai été condamné à 600 francs d'amende et un an de prison avec sursis". 

Si les mauvaises nouvelles s'enchaînent, Thierry est au moins sorti de son addiction. Il tente alors de remettre de l'ordre dans sa vie : il rachète un café avec l'argent de son appartement et démarre une nouvelle activité. Et après une nouvelle période de noirceur, où il se replonge dans l'alcool et apprend qu'il est atteint d'une maladie génétique rare, le jeune homme sort enfin la tête de l'eau en 2020, avec une nouvelle idée en tête : monter sur scène pour raconter sa vie. 

L'ancien policier, qui a entre temps transformé son café en café-théâtre, est ainsi devenu humoriste. Sa prochaine représentation aura lieu en mai 2026. , Et les places fondent comme neige au soleil. "Il y avait 500 places en vente, il n'en reste plus que 32. Je joue dans une salle dans la Drôme, un théâtre qui est magnifique", sourit-il.

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