INVITÉE RTL - Mal-être au travail : "Un problème de reconnaissance", selon Julia De Funès

Julia de Funès, docteure en philosophie et spécialiste du monde du travail, estime qu'il faut d'abord se pencher sur les conditions de travail plutôt que de multiplier les gadgets "bonheuristes" comme le font certaines entreprises.

Julia de Funès est l'invitée de RTL, mardi 23 janvier 2024.

Crédit : RTL

TRAVAIL - La philosophe Julia de Funès est l'invitée de Yves Calvi

00:06:31

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Une étude Ipsos a révélé que deux Français sur trois vont travailler mécaniquement, sans enthousiasme. "On n'a jamais autant parlé de bien-être, il n'y a jamais eu autant de mal-être [...] ça veut bien dire qu'il y a une erreur d'aiguillage", a commencé Julia de Funès, docteure en philosophie, invitée de RTL ce mardi 23 janvier.

"Les entreprises se sont parfois engouffrées, au nom du bien-être, dans la mise en place de gadgets 'bonheuristes'. On fait des rooftops végétalisés, avec des pots de miel, des tomates-cerise, des baby-foot, des billards…", a détaillé la spécialiste du monde du travail. "Le bien-être dépend de choses beaucoup plus fondamentales, plus existentielles que ça", a rappelé Julia de Funès.

Pour la docteure en philosophie, il est plus urgent de se pencher sur les conditions de travail. "Il y a un problème de reconnaissance, il y a un problème de sens, il y a un problème d'autonomie, il y a un problème de rémunération", a-t-elle détaillé. Selon Julia de Funès, c'est l'indifférenciation qui mène à l'indifférence : "Pour reconnaître les gens, il faut avoir le courage de distinguer, le courage de hiérarchiser".

Le travail n'est plus une finalité pour les jeunes, mais un moyen

Elle souhaite ne pas être dans un égalitarisme à tout prix. "Il y a tout une cartographie, une philosophie du travail à refaire en distinguant les métiers utiles et immédiatement nécessaires à la survie de la population [...], les métiers utiles et non immédiatement nécessaires et puis les métiers non utiles et non nécessaires".

Un salarié sur quatre estime que sa santé mentale se dégrade. "Je crois que c'est très lié à la problématique du sens et de la reconnaissance", a assuré Julia de Funès. "Je ne crois pas au quantitatif pour expliquer le problème de la santé mentale, c'est plutôt un problème qualitatif", a-t-elle expliqué.

La place du travail a aussi évolué. "Pour notre génération et les précédentes, le travail était une finalité en tant que tel. On avait un beau boulot, on avait réussi sa vie [...] Pour les plus jeunes, le travail n'est plus du tout une finalité. C'est un moyen pour gagner de l'argent, s'épanouir dans l'existence", a précisé Julia de Funès.

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