ÉDITO - Prisons : "80.000 détenus pour 62.000 places, ça ne peut pas durer", fustige Isabelle Saporta

Le ministre de la Justice, Didier Migaud, a annoncé que les 15.000 places de prison promises par le Emmanuel Macron en 2018 ne seront pas prêtes en 2027. On est mal parti ! Il l’a dit avec une grande sincérité le Garde des Sceaux. On ne sera sans doute même pas à la moitié en 2027.

Il le sait Didier Migaud que ça urge : 80.000 détenus pour 62.000 places de prison, ça ne peut pas durer. Sauf que le Garde des Sceaux n'est pas magicien. Face à lui, il a des politiques qui défilent dans les médias pour proposer des peines de prison pour les consommateurs de drogue ou, des peines courtes dès le premier pas de côté.

Mais quand il s’agit de construire une prison dans leur circonscription, il n'y a plus personne. Lisez dans Le Figaro l’épopée de l’échec de la nouvelle prison de Nice. Bloquée depuis la nuit des temps parce que le maire Christian Estrosi et le député Éric Ciotti, se livrent une guéguerre et se renvoient la balle. Ce serait presque drôle si ça n’empêchait pas le projet d’avancer.

Des guerres d'ego et une complexité qui entravent

Partout c’est la même levée de bouclier : "Pas chez nous, les électeurs n’en veulent pas. Allez donc voir à côté". Quand il y a un maire courageux comme le maire communiste de Tremblay-en France, ça  traîne quand même. On ne peut même pas s’imaginer l’usine à gaz nécessaire pour construire une prison. 

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Il faut un terrain plat, sans dénivelés, être à bonne distance des dessertes d’autoroute, éloigné des habitations mais à proximité des tribunaux et des gendarmeries. Il ne faut pas être proche d’un aéroport ou d’un site Seveso et comme on est écolo, compenser les terrains bétonnés. Ce n’est donc pas un terrain qu’il faut trouver mais deux.

Il suffit de voir la succession des plans prison ces quinze dernières années pour comprendre que les ministres ne manquent pas de bonne volonté. Le problème en France, c’est qu’on est les champions des guerres d’ego et de la complexité qui nous entravent. 

En attendant, les prisons débordent. Les dealers y planifient leurs deals et leurs meurtres avec des portables qui circulent comme si de rien n’était. C’est simple, c’est devenu l’école du crime.