Selon le dernier recensement carcéral dévoilé au 1er juillet, 69.375 personnes sont incarcérées en France. Ce chiffre compte 11.000 individus de plus que le nombre de places disponibles en France. Le Premier ministre Manuel Valls et son ministre de la Justice Jean-Jacques Urvoas étaient en visite, lundi 8 août, à la maison d'arrêt de Nîmes qui compte 440 détenus pour seulement 192 places, ce qui en fait la prison la plus surpeuplée de la métropole française.
La situation de la maison d'arrêt de Nîmes impose de construire des places de prison. "Ce n'est ni cher, ni long, c'est indispensable", affirme Jean-Jacques Urvoas. Pourtant, la situation semble stagner. "Il faut évidemment construire des places de prison. (...) Ce n'est pas difficile d'annoncer la construction, c'est beaucoup plus compliqué de la réaliser, notamment parce que les riverains sont rarement ravis et qu'il y a souvent des recours devant les tribunaux", explique le garde des Sceaux.
En cause selon lui également, les critères immobiliers spécifiques aux secteurs privés et publics et leur coût. Un rapport de la Cour des Comptes datant de 2011 met en garde l'État sur une "course budgétaire sans fin" - selon les termes de Jean-Jacques Urvoas -, dans l'immobilier carcéral. "Annuellement, 190 millions d'euros servent à payer des constructions réservées au privé alors qu'il n'y a que 60 millions d'euros consacrés à l'entretien des bâtiments existants", déplore-t-il. Quand vous faites un partenariat public-privé, oui, vous construisez vite, mais vous payez longtemps", poursuit le ministre.
"Le président avait annoncé pendant son quinquennat 500 emplois créés dans la justice pendant les 5 ans, cela fait 2.500 personnels de surveillants. On est déjà au-delà, se félicite-t-il. En termes de poste, les choix politiques ont été faits". Mais pour Jean-Jacques Urvoas, l'accent doit maintenant être mis sur les conditions de travail des employés pénitentiaires. "Il faut leur donner les moyens d'exercer et surtout leur donner envie de rester, puisque le métier est tellement difficile, les conditions de travail sont tellement compliquées, que (parmi) ceux qui viennent de rentrer dans l'école, un tiers d'entre eux sera déjà parti dans trois ans, estimant que cela est trop difficile".