DOCUMENT RTL - "Grenoble, c'est devenu Marseille" : la guerre des gangs pour le trafic de drogue racontée par un dealer

Un dealer explique la spirale infernale dans laquelle est plongée l'agglomération de Grenoble en proie à une guerre des gangs pour le contrôle du trafic de drogue qui s'intensifie ces dernières semaines.

Une perquisition à Echirolles, près de Grenoble, le 21 août 2024, dans le cadre de la lutte contre le trafic de drogue

Crédit : AFP

RTL ÉVÈNEMENT - "Grenoble, c'est devenu Marseille" : la guerre des gangs racontée par un dealer

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La guerre des gangs a fait rage cet été dans l’agglomération de Grenoble pour le contrôle du trafic de drogue. Depuis fin juillet, pas moins de 7 fusillades ont été recensées. Bilan : 1 mort et une douzaine de blessés. Depuis le début de l’année, il y a eu 17 fusillades au total. RTL a enquêté sur le terrain et a pu recueillir le témoignage d’un dealer concerné par cette guerre des gangs qui explique la spirale infernale dans laquelle est plongée l’agglomération grenobloise.

Sur un point de deal d'Echirolles, dans la banlieue de Grenoble, nous arrivons réussi à établir un contact avec un dealer d'une trentaine d'années qui a accepté de nous parler et de décrire la situation actuelle. "Je connais tout le système mais là ça devient de plus en plus dangereux. Les fusillades, c'est pour récupérer tous les points de deal qui sont concentrés sur les autres quartiers à proximité. Chacun veut sa part du gâteau. Parfois, ça finit très mal", explique-t-il.

Selon lui, les bénéfices peuvent s'établir à 25.000 à 30.000 euros par jour sur un point de deal. "Beaucoup de gens veulent s'approprier les points les plus lucratifs", ajoute-t-il, soulignant que "les armes se trouvent très facilement" désormais. "Grenoble, c'est devenu Marseille", résume-t-il. L'homme explique que la police est démunie face à cette situation. Les forces de l'ordre "n'arrivent pas à trouver les gros", dit-il. "Ils appréhendent les petits mais ils les relâchent après car ce ne sont que des guetteurs". Et les gros trafiquants seraient bien à l'abri.

La population vit dans la crainte, les autorités déterminées à ne pas lâcher

Les habitants sont effrayés par ces fusillades à répétition. Dans certains quartiers, la population vit dans la crainte. "On a toujours peur. C'est grave. On est en danger. Il faut que ça s'arrête", confie Françoise, une mère de famille. La police affirme que le trafic de drogue a été déstabilisé ces derniers mois par l'arrestation de plusieurs trafiquants et explique la situation actuelle par le fait que d'autres veulent prendre leur place.

"L'État ne doit pas lâcher dans une situation comme celle-là. Les dealers bougent à chaque opération. Mais nous on bouge aussi avec eux et on fait le nécessaire pour ne pas les laisser gagner", décrit Éric Vaillant, procureur de Grenoble. Pour ce faire, l'État doit utiliser tous les moyens à sa disposition, à savoir "sanctionner les consommateurs, les vendeurs du jour attrapés en flagrant délit, et mener des enquêtes au long court, et ça on s'y attelle avec les juges d'instruction". Depuis le début de l'année, près de 75 personnes ont été interpelées dans le cadre de ces opérations.

La police dénonce un manque de moyens

Les syndicats de police dénoncent un manque de moyen pour lutter contre ce trafic. Il manquerait près de 115 policiers à Grenoble. Ce constat est partagé par des élus, dont la maire d'Echirolles, Amandine Demore, qui a décidé d'écrire au chef de l'État pour "l'interpeller directement sur le besoin de retrouver une police de proximité, de donner des moyens à la police pour enquêter et à la justice pour faire son travail, tout ce qu'on a perdu depuis une vingtaine d'années dans ce pays". Les mots sont forts mais reflètent bien la gravité et l'urgence de la situation.

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