ÉDITO - L'amour des maths est un enjeu existentiel pour la France, estime Etienne Grenelle

On aurait aimé qu’Emmanuel Macron, qui honore beaucoup de morts, salue publiquement ce héros vivant et inspirant. Il n’est d’ailleurs pas trop tard. Car oui Talagrand, un spécialiste des probabilités, directeur au CNRS, est un héros.

Disons-le : il y a peu d’enjeux aussi importants pour l’avenir du pays que de susciter l’amour des maths. Surtout avec la révolution de l’intelligence artificielle qui se joue précisément sur ce terrain des maths.

Et on n’est pas bons en maths, en France. Oui et non. Nous avons des stars. Talagrand est le cinquième Français à recevoir le prix Abel. La médaille Fields, l’autre équivalent du prix Nobel pour les maths, nous réussit bien également, avec notamment Cédric Villani et Hugo Duminil-Copin. On a, il faut le dire, des cursus d’excellence dans les études supérieures. 

Le problème, c’est avant, l’école. La fameuse étude Pisa de décembre 2023. Et il n’est pas joli le tableau que dresse cette évaluation qui porte sur les élèves âgés de 15 ans. 30 années catastrophiques nous ont relégués à une place peu flatteuse. Alors oui, il y a eu le plan Maths, lancé en 2018 par Jean-Michel Blanquer, qui traite de la formation des enseignants, mais on part de loin. Il y a un énorme problème de recrutement des profs de maths, et son corollaire : le niveau d’exigence. Il faut dire qu’ils sont honteusement mal payés.

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Mais il y a aussi un problème culturel. On n’aime pas assez les maths. On en a peur, on fait des complexes irrationnels. C’est le constat fait depuis des années par Cedric Villani. Et pourtant, il faut écouter Stanislas Dehaene, professeur au College de France, qui est formel : nous avons tous la bosse des maths ! Et puis, bien sûr, il y a ces persistants stéréotypes qui renforcent  de manière absurde ce phénomène chez les filles. 

Pourtant, rien n’est perdu ! Célébrons l’amour des maths ! Et d’abord, payons mieux nos profs… Un pays qui dévalorise le savoir n’a aucune chance de s’en sortir. Et puis honorons aussi ceux qui se battent. Vous savez, ce jeudi 21 mars se tient le concours Kangourou, un concours de maths auquel participent plus de 300.000 élèves. C’est formidable, ludique et utile. L’homme qui a inventé ça s’appelle André Deledicq, et lui aussi, c’est un héros.

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