Spoutnik V, le vaccin russe, n’est toujours pas autorisé en Europe. En effet, il y a comme un point de côté dans la course à ce vaccin qui vient du froid, et sur les réseaux sociaux, nombreux sont ceux qui dénoncent une démarche politique de la part de l’Union européenne.
Et pourtant, ce n’est pas forcément le cas. En effet, la France fait partie d’un processus européen pour le vaccin : tous les sérums injectés dans notre pays sont validés par l’EMA, l’Agence européenne des médicaments puis par la Haute autorité de Santé (HAS).
Le Spoutnik V fait l’objet d’une procédure par l’EMA depuis le 4 mars dernier et ça prend du temps comme Pfizer/BioNTech, Moderna ou AstraZeneca ont pris du temps pour être accrédités. Plus d’un mois pour Pfizer et Moderna et quatre mois pour Astazeneca. Clément Beaune, secrétaire d’État aux Affaires européennes évoque l'échéance de fin juin pour le Spoutnik, alors patientons.
Toutefois, lorsque l'on parle du vaccin russe, la politique n'est jamais loin. Les relations entre l’Europe et la Russie sont quelque peu tendues et des considérations autres que sanitaires rentrent en compte. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, évoquait le 26 mars dernier, Spoutnik V comme "un moyen de propagande et de diplomatie agressive". De son côté, le vaccin russe fait sa publicité sur les réseaux sociaux pour séduire l’opinion publique. Tous les vaccins le font mais du côté russe, c’est offensif.
Ainsi sur Instagram, le compte Spoutnik V propose de gagner un voyage en Russie si vous envoyez une photo de vous faisant le V de la victoire. Quelques photos plus loin, c’est carrément une photo de Vladimir Poutine avec le V de la victoire et cette phrase "Le président russe se fait vacciner contre le Covid". On peut également y voir le réalisateur Oliver Stone, un soutien de Vladimir Poutine. Il y a également des comptes Facebook qui critiquent le vaccin Pfizer et vantent le Spoutnik. Une véritable offensive numérique où se mêle le sanitaire et le politique pour le monde d’après Covid.
Le Spoutnik V est efficace on le sait mais a peu de moyens de production en Russie. Début mars, un fonds souverain russe annonçait qu’une usine française allait produire du Spoutnik : une information qui a été démentie par le ministère de l’Économie. Seule l’Italie pour l’instant a accepté d’en produire à partir de juillet. D’ici là, nous aurons le temps de nous poser la question, pourquoi l’Europe n’autorise pas encore les vaccins chinois ? Un débat presque sans fin.