Ce dimanche, amis des mots, nous revenons sur les mots du Covid. C’est le Petit Larousse qui m’en a donné l’idée. Il vient de publier des Chroniques d’une langue française en résilience, une passionnante analyse des mots de la pandémie par le linguiste Bernard Cerquiglini.
Pourquoi parler de "résilience" ? Parce que, selon lui, "la pandémie a prouvé la bonne santé de la langue française". Savez-vous que, dans ce sens, résilience un des mots les plus récents de la langue française ? C’est dans les années 1990 seulement que le psychiatre Boris Cyrulnik l’a importé de l’anglais, "pour désigner la capacité d’un être à surmonter les chocs traumatiques de sa psyché", rappelle Bernard Cerquiglini. Un anglicisme, donc, qui s’était d’abord employé chez nous pour parler de la capacité des matériaux à revenir à leur forme antérieure après un choc.
Face au Covid, le français a su faire preuve de vivacité, d’inventivité pour nommer de nouvelles réalités, avec parfois des créations humoristiques, à base de coronanniversaire, de webinaires, ou de coronabdos… Des mots peu courants sont aussi venus sur le devant de la scène, comme pandémie, agueusie (la perte du goût), anosmie (perte de l’odorat), comorbidité, ou même, on n’a jamais tant parlé de virus, mot emprunté au XVe siècle au latin, virus, "qui désignait le suc des plantes, rappelle le linguiste, et par extension (…) le venin, le poison".
C’est ainsi que virus s’est dit de toute substance mauvaise que l’on soupçonnait de pouvoir causer une maladie, avant de prendre son sens moderne au début du XXe siècle – et des sens dérivés encore plus récents en informatique, où l’on combat les virus par des antivirus.
Mais l’histoire que j’ai préférée est celle du mot couvre-feu, auquel "la pandémie a donné une vie nouvelle, ainsi qu’un sens nouveau", explique Bernard Cerquiglini. Ce mot vient du Moyen Âge. Pas moyen à l’époque de se chauffer sans feu, bien sûr. Et comme les villes étaient essentiellement constituées de bois, on redoutait particulièrement les incendies. La nuit, "on conservait la braise des cheminées dans des sortes de chaudrons fermés par un couvercle", raconte le linguiste. "À la tombée de la nuit, une cloche (…) sonnait l’heure de l’extinction des feux, et du couvre-feu, c’est-à-dire du recours à (…) ces chaudrons" fermés. C’est par extension, avec le temps, que le couvre-feu est devenu une interdiction de circuler, en dehors de certaines heures. Bon, heureusement, nous en avons fini avec les couvre-feux.
En revanche, nous portons encore des masques, malheureusement ! Le mot masque est arrivé en français au XVIe siècle par l’italien maschera, désignant un "faux visage", explique l’auteur. On est là dans l’univers du spectacle et du carnaval. Puis cette forme, "posée sur le visage, a suscité un sens secondaire, celui de protection", avec d’abord le "masque de l’apiculteur, puis celui de l’escrimeur", qui ont conduit aux emplois modernes du masque à gaz, du masque à oxygène, et du masque chirurgical que chacun porte aujourd’hui, enfin, plus pour très longtemps – espérons-le !
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