Et si les acteurs prenaient le train et les transports en commun pour se rendre sur leurs tournages plutôt que l'avion et le taxi ? Voilà une idée un peu déroutante à première vue, mais qui pourrait devenir la norme dans le cinéma français d'ici quelques années. En effet, le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) a adopté une mesure "d'éco-conditionnalité" de ses financements et cela va avoir un impact direct sur l'industrie cinématographique.
À partir du 31 mars 2023, lorsque les producteurs de fiction et de documentaire, formuleront une demande d'aide auprès de l'organisme public, ils devront présenter un bilan carbone prévisionnel de leur œuvre ; puis, à l'issue du tournage, un bilan définitif, pour vérifier que leurs engagements ont été tenus.
Seconde étape, à compter du 1er janvier 2024, les aides du CNC seront conditionnées au respect de certaines obligations en matière environnementale. Ces obligations ne sont pas encore précisées, mais toucheront aux moyens techniques, à la mobilité, au numérique, à l'approvisionnement et à la gestion des déchets. L'objectif affiché du CNC étant "d’accompagner la transformation du secteur vers une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux".
En 2020, l'association ÉcoProd avait alerté sur l'impact des tournages sur l'environnement, dénonçant l'émission de "1,7 million de tonnes équivalent carbone chaque année" par le secteur de l'audiovisuel. Aussi, pour les aider à "intégrer l’écologie et l’économie de ressources dans leurs activités", le collectif à imaginer toute une série de mesures qui pourraient faire baisser l'empreinte carbone des films et séries. Avec cette nouvelle décision du CNC, certaines d'entre elles devraient devenir courantes sur les tournages.
Voici notre sélection :
- Inciter toutes les équipes à privilégier les transports en commun ou les modes de déplacement doux (vélo, marche à pied...) et organiser du covoiturage entre les équipes ;
- Concevoir des décors qui puissent être réutilisés à l'occasion de futurs tournages et faire appel à des artisans locaux, travaillant des matières premières locales pour les réaliser ;
- Louer les tenues des acteurs, les garder ensuite pour un prochain tournage ou les donner à des associations ;
- Côté maquillage, opter pour des produits éco-labellisés et limiter les consommables ;
- Privilégier le circuit court et les aliments bio à la cantine, donner les restes à des associations et installer des bacs de tri autour de la table.
Enfin, les effets spéciaux devront être favorisés pour éviter que des scènes d'écocide ne se reproduisent sur les tournages : pour réaliser la scène d’ouverture d’Apocalypse Now, pas moins de 4.500 litres d’essence et quelques pneus avaient été utilisés pour incendier la forêt de palmiers... Un fait qui paraît aujourd'hui surréaliste, mais qui prouve que l'industrie cinématographique est capable de grandes évolutions.
Commentaires
Afin d'assurer la sécurité et la qualité de ce site, nous vous demandons de vous identifier pour laisser vos commentaires.
Cette inscription sera valable sur le site RTL.fr.