À la veille de l'ouverture du procès de l'attentat commis contre l'hebdomadaire Charlie Hebdo, Emmanuel Macron s'est exprimé concernant la polémique suscitée par la décision du journal de republier les caricatures de Mahomet, qui avaient valu aux membres de la rédaction des menaces de mort puis la folie meurtrière des frères Kouachi en janvier 2015.
C'est dans ce contexte que le chef de l'État a tenu de nouveau à défendre mardi 1er septembre "la liberté de blasphémer" en France. "Depuis les débuts de la Troisième République il y a en France une liberté de blasphémer qui est attachée à la liberté de conscience", a rappelé Emmanuel Macron depuis Beyrouth.
"Je suis là pour protéger toutes ces libertés. Je n'ai pas à qualifier le choix de journalistes. J'ai juste à dire qu'en France on peut critiquer des gouvernants, un président, blasphémer, etc.", a-t-il répondu.
"Demain, nous aurons tous une pensée pour les femmes et les hommes lâchement abattus" lors de l'attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015", a assuré le président lors d'une conférence de presse. L'attaque de la rédaction du journal avait fait 12 morts parmi les membres du personnel de l'hebdomadaire, mais aussi les garde du corps qui protégeaient les journalistes et les locaux, devenus cibles des terroristes à la suite de la première publication des caricatures.
"Un président de la République en France n'a jamais à qualifier le choix éditorial d'un journaliste ou d'une rédaction car il y a une liberté de la presse à laquelle vous tenez à juste titre profondément", a ajouté Emmanuel Macron.
Le chef de l'État a tenu devant la presse à préciser qu'il y avait un revers à la liberté d'expression, en ce sens qu'elle "implique une décence commune, une civilité, un respect" et qu'avec "la liberté d'expression, il y a le devoir de ne pas avoir de discours de haine", citant notamment les réseaux sociaux. Emmanuel Macron a ajouté que ce commentaire ne concernait pas les caricatures de Charlie Hebdo.
Mardi, Charlie Hebdo a décidé de republier, en Une, les douze caricatures de Mahomet qui en avaient déchaîné l'ire des jihadistes et provoqué des manifestations parfois mortelles dans plusieurs pays musulmans. "Nous ne nous coucherons jamais. Nous ne renoncerons jamais", a déclaré le directeur de l'hebdomadaire satirique, Riss. Le Pakistan a condamné cette décision mardi soir avec "la plus grande fermeté".
Le procès de l'attentat jihadiste contre Charlie Hebdo du 7 janvier 2015, suivi le lendemain des attaques contre une policière à Montrouge et un supermarché casher, s'ouvre mercredi à Paris et durera jusqu'au 10 novembre, pour juger quatorze accusés.
Emmanuel Macron a revendiqué à plusieurs reprises depuis son élection "le droit au blasphème" et à la liberté d'expression, la dernière en date à propos d'une adolescente menacée de mort en février sur les réseaux sociaux pour des propos hostiles à l'islam.
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