On est déjà au mois d’avril et, on l’oublie un peu, mais pour les lycéens, le baccalauréat se rapproche. Et les inquiétudes grandissent, parce que la pandémie vient tout bousculer. Le problème, c’est que la pandémie est en train de réduire à néant la grande réforme que Jean-Michel Blanquer voulait mettre en place.
Dernier épisode en date : il serait question de diminuer le coefficient du tout nouveau grand oral, cette épreuve qui illustrait la volonté du ministre de modifier en profondeur l’examen-phare de la scolarité française.
Résumons : l’idée de départ, c’était de
constater que le baccalauréat n’avait plus aucun sens. Ce n’est pas ça qui
détermine l’orientation des élèves puisqu’elle se fait avant. Et la
multiplication des mentions et des notes délirantes prouve le peu de valeur
d’un examen qui totalise 98% de réussite si l’on inclut ceux qui le passent
plusieurs fois. Bref, il suffit de se présenter et d’être un peu persévérant pour
l’obtenir.
En revanche, derrière, on a 50% d’échec en première année à l’université, et des professeurs qui alertent sur le gouffre entre le niveau des bacheliers et ce qui est demandé en fac. Mais surtout, le but de cette réforme était de modifier le lycée lui-même parce que les épreuves au baccalauréat déterminent l’organisation des enseignements pendant les trois années qui précèdent.
Le coronavirus, c’est l’obligation d’annuler les épreuves dans les "spécialités", ces nouvelles disciplines qui devaient faire coller les enseignements avec les exigences du monde moderne. Mais surtout, les lycéens et les professeurs font remarquer qu’on ne prépare pas de nouvelles épreuves à distance, avec des cours une semaine sur deux.
Le cas le plus emblématique, c’est évidemment ce
grand oral. Comment préparer des élèves à distance ? Comment leur faire
comprendre les codes de cet exercice ? Cela dit, si des lycéens nous
écoutent, je voudrais les rassurer.
D’abord, il faudrait que ceux qui ont passé leur bac en 1968 leur expliquent comment ils ont obtenu un bac entièrement à l’oral, façon "école des fans". 10/10 pour tout le monde. Et en fait, c’est tous les ans la même chose. Dès que les élèves ou leurs parents ont une inquiétude sur la difficulté d’une épreuve, on passe des consignes aux correcteurs pour leur imposer l’indulgence et les notes sont encore meilleures que les autres années.
Quant au grand oral, s’il s’était agi de juger
de la capacité à construire une argumentation, la force de conviction, là,
d’accord, il y aurait eu matière à stresser. Mais en l’occurrence, on a
transformé ça en une sorte d’entretien d’embauche pour juger de la personnalité
du candidat, de son projet d’orientation. Bref, des critères totalement
subjectifs dont le but est de donner une bonne note à tout le monde.
Alors, la sélection, la vraie, se joue ailleurs.
Sur la capacité des parents à inscrire leur enfant dans le bon établissement,
sur la connaissance des filières qui ouvrent les meilleures portes. Tout sauf
le mérite. La génération Covid est sacrifiée, c’est vrai. Mais elle n’est pas
la seule à qui on ment sur son niveau pour maintenir l’illusion d’une école
républicaine qui donnerait leurs chances à tous.
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