"Ce qu'ils portent, c'est un coup d'arrêt brutal aux avancées des femmes. Nous ne ferons pas un pas en arrière !" Ana Maria Pérez del Campo, figure historique du féminisme en Espagne, fulminait mercredi 11 janvier contre le parti d'extrême droite Vox.
Décisif pour faire investir le candidat du Parti populaire (PP, droite) Juan Manuel Moreno à la tête de la région, Vox lui a posé comme première exigence l'abandon de mesures contre les violences faite aux femmes. Ce dernier les juge "idéologiques" et "discriminatoires" envers les hommes.
En réponse, plusieurs associations féministes ont annoncé une série de mobilisations contre ce parti entré pour la première fois dans un parlement régional après les élections du 2 décembre en Andalousie.
Si la condition de Vox n'a finalement pas été incluse dans l'accord d'investiture entre les deux partis, Maria Silvestre, sociologue de l'université Deusto de Bilbao, estime que Vox a envoyé le message "si vous ne votez pas avec moi, on verra clairement que la droite qui veut faire changer les choses, c'est moi", dit-elle à l'AFP.
Plus globalement, Vox réclame dans son programme national l'exclusion des IVG du système de santé publique, la suppression des quotas paritaires sur les listes électorales et des "organismes féministes radicaux subventionnés", l'allongement des congés maternité et l'augmentation des allocations familiales pour les mères.
Avant sa remise en cause par Vox, la lutte contre les violences sexistes, cause nationale, faisait consensus en Espagne : la loi pionnière contre ce phénomène qui tue, selon les statistiques officielles, environ 50 femmes par an (47 en 2018) avait été adoptée en 2004 à l'unanimité par le parlement.
Chaque meurtre de femme par son conjoint ou ex-conjoint est largement couvert dans les médias et condamné par la classe politique. "Ils ont réussi à faire en sorte que quelque chose qui ne se discutait pas soit à nouveau débattu", observe Silvia Claveria, politologue spécialiste du féminisme à l'université Carlos III de Madrid interrogée par l'AFP.
N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question
Simone de Beauvoir
Maria Silvestre de son côté estime que ce retour de bâton est "une réaction à l'action, et à l'écho, qu'a eu le mouvement féministe". En 2018 en effet, les Espagnoles se sont massivement mobilisées pour les droits des femmes, dans le sillage du mouvement #MeToo.
Des dizaines de milliers de femmes sont également sorties dans les rues, indignées par la condamnation, jugée trop clémente, de cinq Sévillans surnommés "la Meute" à neuf ans de prison pour avoir abusé en groupe d'une jeune femme en filmant leurs actes. Un tribunal a décidé début janvier de les laisser en liberté conditionnelle.
"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant", disait Simone de Beauvoir. Une phrase on ne peut plus d'actualité.
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