Paul McCartney à Paris La Défense Arena : un show magique et hors du temps

Il défie le temps. On peut même dire qu'il joue avec. Sir Paul McCartney a donné les 4 et 5 décembre 2024 deux concerts événement à Paris La Défense Arena, la plus grande salle d'Europe. Ses premières dates à Paris depuis six ans. Un show généreux de plus de 2h30, 36 titres.

Une grande messe rock en forme d’incroyable cure de jouvence pour les deux fois 40.000 spectateurs présents. Il est un peu plus de 20h15, ce mercredi 4 décembre, quand sa basse Höfner en forme de violon apparait sur les écrans géants. L'ex-Beatles déboule sur scène.

La France n'a plus de gouvernement depuis une poignée de minutes, "Macca" est déjà maître en son royaume. Costume bleu nuit impeccable, chemise blanche, pas de cravate, le chanteur est toujours aussi chic. Seule sa chevelure ébouriffée poivre et sel rappelle son âge. Et encore, on lui donne facilement 15 ans de moins.

Un répertoire musical inégalable

Pas de temps à perdre, l'icône du rock entame directement par Can't Buy Me Love, repris instantanément par le public. Un hit indémodable enregistré il y a 60 ans aux studios EMI Pathé Marconi de Boulogne-Billancourt. Le jeudi, l’icône du rock débutera avec A Hard Day's Night, autre tube du troisième album éponyme des Beatles sorti en 1964.

"Salut la France, c'est bon d'être retour !" lance McCartney. La star s'appliquera à parler en français une bonne partie de la soirée. Comme sur les tournées précédentes, l'inégalable répertoire des "Quatre garçons dans le vent" est à l’honneur. Et il faut bien l'avouer, ça file le tournis.

De l'électrisant Drive My Car tiré de Rubber Soul, en passant par Love Me Do, Get Back, In Spite of all Danger "la toute première chanson enregistrée par les Beatles", Got to Get You Into My Life (Johnny Hallyday l’avait repris sous le titre Je veux te graver dans ma vie), au sublime Blackbird ou encore l’émouvant Something au ukulélé dédié à son "frérot" George Harrison… La légende du rock enchaîne les morceaux (d'histoire).

La bande-son d'une vie

Il fait également un clin d'œil appuyé à la France et Notre-Dame de Paris (non, il ne sera pas là pour la réouverture) sur Michelle. Paul n'oublie pas non plus sa période Wings, son autre formation ultra prolifique fondée avec sa défunte épouse Linda un an après la séparation des Beatles. Junior's Farm, Let Me Roll It (et son solo de guitare reprenant Foxy Lady de Jimi Hendrix), Jet, mais surtout Band on The Run, formidable appel à s'évasion avec sa structure en trois parties et ses variations de styles musicaux.

Sans oublier l'incandescent et épique Live and Let Die, générique du huitième film James Bond (Vivre et laisser mourir, avec Roger Moore). L'un des sommets du concert, accompagné par un impressionnant spectacle pyrotechnique. L'inoxydable Paul McCartney n'a pourtant pas besoin de tant d'effets pour enflammer le public. Il lui suffit de poser ses doigts sur le piano. Quand la star joue My Valentine, pour sa "merveilleuse femme Nancy qui est avec nous ce soir", le cœur se serre.

Quand les premiers accords de Let it Be résonnent, des frissons parcourent le corps. Et que dire de Hey Jude et sa longue coda "Na, na, na, nananana, nananana, hey Jude"… Tout Paris La Défense Arena chante à pleins poumons pendant plusieurs minutes.

Hallucination collective

Et la voix de Paul dans tout ça ? Elle traverse les décennies en majesté. Elle est même étonnamment plus en place qu’il y a 10 ans !  L’émotion est en tout cas intacte. Quand Paul McCartney dédie Here Today à John Lennon avec qu'il s'est réconcilié avant son assassinat le 8 décembre 1980, on est captivés.

L'hallucination ne s'arrête pas là. McCartney fait revivre ce même Lennon le temps d'"un duo" sur I've Got a Feeling. Plus troublant encore, il "reforme" les Beatles sur Now and Then, leur "dernière chanson inédite" finalisée grâce à l’intelligence artificielle. Une ballade touchante sortie 53 ans après la séparation du groupe.

À l'issue d’un concert aussi fantastique, la joie se mêle à la tristesse. A-t-on assisté à l'ultime show en France d'une légende de la musique ? On n’y croit pas instant, Paul nous a quittés en disant : "À la prochaine !" À Bientôt, éternel jeune homme.

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