Le Mexique du début du XXe siècle ne manque pas d’exotisme. À cette époque, Emiliano Zapata est l'homme dont tout le monde parle. Révolutionnaire, ce paysan illettré d'une trentaine d'années, soulève les paysans de l'État de Morelos, pour davantage de justice sociale, pour plus de démocratie et pour une société plus fraternelle. On invente alors le mot "zapatistes" pour nommer les fidèles de ce justicier du désert.
Des convictions qui ne plaisent pas au président alors en place, Venustiano Carranza. L'image d'un hors-la-loi populaire qui défend les droits du peuple des campagnes lui est insupportable. On convainc alors le jeune colonel de 27 ans, Jesus Guajardo, de tendre un piège à Zapata...
Quelques années auparavant, Zapata et le futur président Carranza s'étaient pourtant alliés pour destituer le général Huerta, l'ancien dirigeant du Mexique. Mais une fois au pouvoir, Carranza refuse de témoigner toute reconnaissance envers Zapata. L'état du Morelos, qui commence à mettre en œuvre quelques règles plus égalitaires dans l’occupation de la terre, voit en 1916 les soldats du président Carranza reconquérir le pays avec des méthodes désavouées.
Ces soldats sont censés être au service d’un président révolutionnaire, qui s’est battu autrefois contre la dictature. Désormais, Carranza désire un pays tranquille et en ordre. Le 30 septembre 1916, le colonel Guajardo exécute 180 habitants de Tlaltizapan, hommes, femmes et enfants, sous prétexte qu’ils seraient tous des zapatistes. En réponse, Zapata fait sauter des trains, occasionnant à chaque fois des centaines de morts. Pour se venger, le président Carranza demande au jeune Guajardo de l'exécuter. Le colonel fait alors savoir qu’il entend se confronter à cet adversaire d’homme à homme.
La mort de Zapata a tout d’une fresque hollywoodienne avant l’heure. Guajardo affirme à Zapata qu'il se rallie à lui avec ses hommes et son matériel. En gage de bonne volonté, il lui livre même des anciens zapatistes qui s’étaient rangés du côté du gouvernement. Guajardo tient parole, à une chose près : il fait fusiller les hommes en question… Comment Zapata peut se douter que Guajardo n'est pas passé de son côté et joue un double jeu ?
Le 9 avril 1919, dans la petite ville de Pastor, les deux hommes s’avancent l’un vers l’autre. Zapata est accompagné d'une escorte d’une trentaine d’hommes. Guajardo prend la route avec 600 hommes. L’un et l’autre sympathisent et s’échangent des cadeaux. Le lendemain, Guajardo invite le bandit au grand cœur à déjeuner en ville. Zapata et ses hommes sont accueillis par une garde d’honneur. Le clairon sonne trois fois. Au moment où s’éteint la dernière note, les soldats qui présentent les armes déchargent deux fois leurs fusils. Zapata tombe au sol. Il est mort.