C’est un message d’Anne, de Verneuil-en-Halatte, dans l'Oise, qui m’a donné l’idée du Bonbon sur la langue d’aujourd’hui. Anne me demande d’essayer de convaincre nos contemporains d’éviter d’employer le pronom on à la place de nous. “Ma mère, m’explique-t-elle, nous disait que, dans sa jeunesse, sa professeure de français avait pour habitude, lorsqu’elle trouvait ce pronom dans une rédaction, d'écrire dans la marge : ‘On : pronom imbécile, qualifie celui qui l'emploie.’”
J’ai même entendu pire, moi, de la bouche d’un chef qui me retournait un de mes articles en me recommandant d’en retirer les on avec l’argument rimé (je cite !) : “Souvenez-vous : on est con.” Certes, “Les habitudes ont évolué, reprend Anne, mais, même dans la langue parlée, nous peut toujours remplacer avantageusement on.”
Nous est en effet considéré comme plus élégant, c’est la marque d’un niveau de langue soutenu. Mais seulement dans les cas où on peut être remplacé par nous (“Nous sommes allées à la piscine” au lieu de (“On est allées à la piscine”). Rappelons quand même que, dans pas mal de cas, quand il est vraiment pronom indéfini, quand il désigne “n’importe qui, tout le monde”, ou “une personne non précisée”, on ne peut pas être remplacé par nous : “On a frappé à la porte”, “On ne parle pas la bouche pleine !”, “On n’est jamais si bien servi que par soi-même”, “On a souvent besoin d’un plus petit que soi”…
En somme, on est un pronom injustement mal-aimé ! Tenez, profitons-en pour lui redonner ses lettres de noblesse. On redécouvre son origine surprenante dans un bel ouvrage, Salut Alain !, publié par Le Robert à l’occasion de l’anniversaire de la disparition d'Alain Rey. Au milieu des chroniques de ce roi des mots, vous y trouverez, extrait de son Dictionnaire historique de la langue française, un schéma de l’étymologie du mot homme.
Et quel est le rapport avec on ? Figurez-vous que les deux termes ont la même origine : le latin homo, qui désigne l’“être humain”, masculin comme féminin, et qui signifie au sens propre “né de la terre” (par opposition aux dieux). Une racine que l’on retrouve dans l’humus, le terreau. En latin, homme au sens d’“être humain de sexe masculin” se disait vir, qui a donné viril.
En somme, homo a donné à la fois homme et le pronom on. Vous avez peut-être quelques vieux souvenirs des déclinaisons latines... Homo, c’était le nominatif, qui a évolué en on ; tandis qu’à l’accusatif la forme était hominem, qui a donné homme.
Au départ, homme désignait les humains en général (un sens qui existe toujours : quand on parle de "l’homme de Cro-Magnon", il ne s’agit pas seulement des individus de sexe masculin). Mais progressivement, vir a disparu de l’usage, et homme s’est mis à désigner plus spécifiquement le mâle de l’espèce humaine, par opposition à femina, "la femme . Bref, ce pronom mal-aimé, on, est un synonyme d’humain. Alors, c’est pas un beau pronom, ça ?
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