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Dictionnaire (image d'illustration)
Crédit : emmanuel-ikwuegbu/unsplash
Amis des mots, on parle d’élisions. Vous vous rappelez de ces bestioles ? Prenons simplement la définition du Larousse : l’élision, c’est la "suppression, dans l’écriture ou la prononciation, de la voyelle finale d’un mot devant un mot commençant par une voyelle ou un H muet. L’élision se marque par une apostrophe."
Avec des exemples, ce sera encore plus clair. Justement : "Je m’en doute". Il s'agit-là d'une élision. Élider permet d’éviter le choc entre les deux voyelles E, celle de "me" et celle de "en". Au lieu de dire : "Je mE en doute", on dit : "Je m’en doute". Si on a un peu oublié le mot élision depuis qu’on a quitté les bancs de l’école, tous les francophones élident les doigts dans le nez. Seule une personne qui découvre les méandres tortueux de notre langue blagueuse dirait le autobus, le orchestre, la arrivée ou "je viens de arriver" ou même “"a apostrophe".
Attention, il y a quand même des cas qui ne coulent pas de source, même pour ceux qui sont tombés dans la langue française à la naissance. "De plus en plus souvent, me fait remarquer Madeleine, de Châtelaillon-Plage, en Charente-Maritime, on voit et on entend 'si il' au lieu de 's’il'". Elle a raison : personne ne dirait ni n’écrirait "si il te plaît", en revanche, je lis très souvent, comme Madeleine, "si il veut des pâtes", "si il a le temps de faire la vaisselle", "si ils sont disponibles pour mon anniversaire", alors qu’on devrait dire "s’il veut", "s’il a le temps", "s’ils sont disponibles", exactement comme on dit "s’il te plaît".
Ce qui favorise la confusion, c’est que ce n’est pas parce qu’un mot se termine par une voyelle et que le suivant commence par une voyelle qu’on élide systématiquement. Avec le pronom elle, par exemple, on ne le fait pas : on dit "s’il veut", mais "si elle veut" et non "s’elle veut".
Par ailleurs, il y a des élisions interdites que les francophones pratiquent volontiers. Pour commencer, "presque" ne s’élide que dans le mot "presqu’île". On écrit "on est presquE arrivés, il était presquE à l’heure" (même si, oralement, on pratique l’élision, en disant presqu’arrivés, presqu’à l’heure). De même, "quelque" ne s’élide jamais, sauf dans "quelqu’un/une", et "lorsque" ne s’élide que devant il, elle, on, en, un, et une. Bref, jamais de lorsqu’Anne ou lorsqu’Eric (à l’écrit).
J’en profite pour enchaîner avec la question du jour, que j’ai reçue par un vrai courrier en papier à l’adresse de RTL (c’est de plus en plus rare !). Arlette, de Montpellier, se dit "titillée depuis longtemps par une question : on dit des haricots et des hiboux, mais on dit des zabits. Pouvez-vous m’éclairer sur ce mystère ?", demande-t-elle. Avec joie, chère Arlette, c’est une question de H aspiré et de H muet. Les H muets sont souvent issus de mots latins et les H aspirés de mots d’origine germanique. Au besoin, pour les distinguer, on ouvre son dico : le Larousse signale les H aspirés par une petite étoile, le Robert par une apostrophe.
Avec les mots en H, on pratique la liaison (les Z’habits, les z’herbes folles), dans les mêmes cas que l’on pratique l’élision, c’est-à-dire uniquement avec les H muets. Le H muet, c’est comme s’il n’était pas là, et que le mot commençait donc par une voyelle. Les mots en H aspirés, eux, ne tolèrent ni liaison ni élision, c’est pour cela qu’on dit les haricots et pas les z’haricots, le haricot et pas… l’haricot !
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