Charles-Henri Sanson est de loin le bourreau qui a le plus guillotiné. Plus de 3.000 têtes sont passées sous la lame de sa guillotine, dont 2.918 rien que pour la période révolutionnaire. Deux ans après la Révolution française, l'Assemblée nationale décide que tout condamné à mort devra être décapité. Sanson monte alors au créneau : il est d'accord pour augmenter la cadence des exécutions, mais il lui faut un outil plus efficace et moins fatigant à utiliser que les traditionnelles haches, épées ou sabres. Pour exécuter rapidement, sans douleur et sans prendre le risque de rater une victime, un médecin et ancien député, Joseph Ignace Guillotin, fait la promotion d'une machine qui porte son nom, la guillotine.
Sanson est chargé d'inspecter l'engin, le 17 avril 1792 à l'hôpital Bicêtre à Paris. Les résultats sont convaincants et l'Assemblée nationale donne son feu vert à l'utilisation de la guillotine. Sanson l'inaugure le 25 avril 1792 en exécutant place de grève, l'actuelle place de l'hôtel de ville de Paris, un condamné pour vol et agression, Nicolas-Jacques Pelletier. Il est le premier guillotiné de l'histoire de France. Mais l'échafaud va faire une victime chez Sanson. En voulant présenter la tête du guillotiné à la foule, l'un de ses fils tombe de l'échafaud et meurt.
Les exécutions s'enchaînent pour Sanson. Parmi elles, il y a notamment celle de Louis XVI, le 21 janvier 1793, condamné à mort après avoir été jugé pour haute trahison. Pour la première fois, un souverain va être guillotiné. Cela marque le glissement de la Révolution française vers un régime de terreur.
Peinte en rouge, la guillotine est placée à plusieurs mètres de distance de la foule, encadrée de canons et sécurisée par plus de 20.000 hommes armés. Lorsqu'ils ont su que l'on allait exécuter le roi Louis XVI, les Parisiens sont tombés des nues. Le premier d'entre eux, c'est le bourreau Charles-Henri Sanson. C'est lors d'une visite de routine à la prison de la conciergerie le 20 janvier 1793 que Sanson a appris que non seulement Louis XVI allait être guillotiné le lendemain, mais que c'est lui qui allait accomplir cette besogne.
Jusqu'au dernier moment, Sanson espère que des royalistes vont se manifester et permettre à Louis XVI de s'évader. Mais rien ne se passe. À part quelques débordements sur le trajet, le cortège qui mène le roi vers la place de la Révolution arrive sans souci au pied de la guillotine. À 10h15, précédé par des gendarmes à cheval, un carrosse vert s'arrête au pied de l'échafaud. Louis XVI descend. Le roi enlève alors sa redingote, le bourreau lui demande d'ouvrir son col de chemise. Puis, on lie les mains de Louis XVI dans son dos, avec son mouchoir.
Un assistant de Samson découpe le col du roi et lui coupe les cheveux. Accompagné par des roulements de tambours qui déchirent le silence, Louis XVI, impassible et digne, monte quelques marches et fait face à Samson et à ses quatre assistants. Soudain, le condamné à mort fait signe au tambour de s'arrêter et déclare face à Sanson : "Je meurs innocent de tous les crimes qu'on m'impute et je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe jamais sur la France".
Louis XVI voudrait continuer à parler, mais les roulements de tambour reprennent. Deux hommes conduisent alors Louis XVI à l'échafaud. Le roi fait toujours preuve d'un incroyable sang-froid et il ne montre pas le moindre signe de terreur. Sa tête est placée dans le trou entre deux montants verticaux en bois.
À 10h22, Sanson actionne le couperet et en une fraction de seconde, dans un grincement strident, la lame d'acier descend et tranche la tête du roi qui tombe dans le panier. Un assistant de Sanson saisit la tête de Louis XVI par les cheveux et la montre aux Parisiens qui crient : "Vive la nation. Vive la République. Vive la liberté". Une salve d'artillerie est tirée. Alors que ses assistants nettoient le sang royal, Sanson reste prostré plusieurs minutes, conscient qu'il a tué un Bourbon, une dynastie installée sur le trône de France depuis trois siècles.
Charles-Henri Sanson a aussi guillotiné Charlotte Corday qui a assassiné, Jean-Paul Marat dans sa baignoire. Puis, la reine Marie-Antoinette. Juste avant de se faire trancher la tête, elle a marché, par mégarde, sur le pied de Sanson en montant à l'échafaud. Et s'en est excusée. Quelques jours plus tard, Olympe de Gouges et Manon Roland sont aussi guillotinées. Il exécute également le maire de Paris, Jean-Sylvain Bailly, qui tremble de froid au moment de se faire couper la tête.
Ensuite, c'est au tour des révolutionnaires qui ont fait l'éloge de la guillotine d'y passer. Danton lance avec humour à celui qui va l'exécuter : "N'oublie pas de montrer ma tête au peuple, elle est bonne à voir", alors que le même Danton était réputé pour sa laideur. Saint-Just et Robespierre sont amenés en charrette avec d'autres condamnés à mort sur la place de la Révolution. La veille de son exécution, Robespierre a reçu une balle dans la mâchoire, il est en partie défiguré. Au moment où les aides de Sanson arrachent les linges qui recouvrent sa blessure, celui que l'on surnomme l'incorruptible, hurle de douleur avant que sa tête ne tombe dans le panier du bourreau.
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