Langue française : quel est le masculin de "garce" ?

Le Bonbon sur la langue spécial amis des GROS mots de la semaine dernière a généré pas mal de réactions… et de nouvelles questions. Rappelons qu’il s’agissait d’une question de féminin : s’interrogeant sur le titre de son excellente série de podcasts Les Salauds de l’histoire, Vincent Parizot s'interrogeait sur le féminin de salaud, qui se trouve selon les dicos être eh oui salope, comme chacun l’imagine, sauf que ce n’est pas exactement l’équivalent justement, la version féminine du terme comportant une nuance sexuelle que n’a pas le masculin…

Sur Facebook, Patrick nous écrit que "le féminin de salaud, c’est garce, qui n’a pas de masculin". Eh bien, si : garce a bien un masculin, et il est assez évident quand on y pense, c’est… gars, tout simplement. Certes, cette fois encore, dans notre langue un chouilla misogyne, le féminin n’est pas tout à fait l’équivalent du masculin. 

Gars est juste une façon familière de désigner un homme ou un garçon (comme dans "Ma cousine a épousé un gars du pays"). Garce, en revanche, est franchement péjoratif. Certes, le mot désigne bien une femme ou une jeune fille, mais qui est mauvaise, méchante ou désagréable. Bref, si “mon cousin a épousé une garce du pays”, ce n’est pas une bonne nouvelle !

Une garce était juste une jeune fille

Pourtant, à l’origine, c’est-à-dire entre le XIIIe et le XVIe siècle, une garce, c’était juste une jeune fille, comme le gars était un jeune homme, et d’ailleurs ces mots n’étaient pas considérés comme familiers. Ils relevaient du langage courant, comme fille et garçon aujourd’hui. Plus précisément, gars était ce qu’on appelle le "cas régime" de garçon. 

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Le français fonctionnait un peu comme le latin, avec des sortes de déclinaisons. On utilisait garçon quand le mot était sujet de la phrase, comme dans "Ce garçon est raide dingue de ma cousine". Et gars quand le mot était complément : "Ma cousine est totalement neuneu de ce gars". Bref, contrairement à ce qu’indiquerait le titre de la délicieuse et mythique série avec Alexandra Lamy et Jean Dujardin, le féminin étymologique de gars n’est pas fille, mais bien garce. Tandis que fille, figurez-vous, est le féminin… de fils !

Dans un train, "wagon" ou "voiture" ?

Sur Instagram, un auditeur s'étonne, par ailleurs, d’entendre parler de "wagons pour femmes". Il s’agit de cette pétition qui a circulé, proposant cette manière de lutter contre les violences contre les femmes dans les transports en commun… "Je pensais que le mot wagon était réservé au transport de marchandises et que pour les personnes, on devait dire voiture", remarque-t-il. C’est bien ce que recommandent les dictionnaires… tout en notant un deuxième sens, certes qualifié d’abusif, concernant le transport de voyageurs. 

Ce premier pas dans les dictionnaires, une mention avec "abusif" ou "critiqué", c’est la première marche vers une entrée en bonne et due forme dans l’usage : en somme, wagon est bien en passe de détrôner voiture. Pourquoi ? Tout simplement par efficacité : voiture renvoie aujourd’hui avant tout à l’univers de l’automobile, tandis que le mot wagon, dans notre esprit, fait immédiatement apparaître… un train.