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Crédit : pea-mo/unsplash
On éloigne les oreilles sensibles : voici un Bonbon sur la langue pour les amis des GROS mots. Voilà l’histoire : par un bel après-midi de cette semaine, mon téléphone sonne, et c’est Vincent Parizot au bout du (sans) fil. Il n’a pas l’air à l’aise. Après quelques ronds de jambes vocaux, il m’annonce que sa question est un peu gênante, je crains le pire, et bon il finit par se lancer : "Hum, voilà, quel est le féminin de… hum… salaud."
Vincent Parizot, qui est à la tête notamment de RTL soir week-end, mais il anime également une série de podcasts passionnants si un rien glaçants, que je vous recommande, intitulée Les Salauds de l’histoire. Or, les salauds historiques, s’ils sont très majoritairement des hommes, sont parfois aussi (eh oui) des femmes. C’est ainsi que, bien entourée par les charmants Goebbels, Charles Manson, Ben Laden ou Al Capone, on trouve aussi dans ces podcasts, par exemple, le portrait de la moins célèbre mais non moins ignoble Ilse Koch, la "sorcière de Buchenwald".
Le problème de Vincent Parizot, c’est qu’elle a beau être ignoble, on ne peut pas la qualifier de "salaud"… Or salope, féminin officiel de salaud, comme me le fait remarquer Vincent, a une forte connotation sexuelle, que n'a pas le masculin. Et en effet, si les deux noms d’oiseaux sont qualifiés par le Larousse d’injurieux et de vulgaires (égalité !), un salaud, c’est un "homme méprisable et déloyal" ("au féminin, on emploie la forme 'salope'", confirme le dictionnaire). OK, mais ce féminin est également défini comme qualifiant une femme "dévergondée".
C'est assez caractéristique du machisme de notre langue, d’ailleurs déjà évoqué à ce micro, que des mots banals au masculin prennent une tournure insultante et sexuelle au féminin : un homme public est un homme célèbre, une femme publique, une prostituée. On hésite souvent aussi à parler d’entraîneuse en sport, pour la même raison : un entraîneur, c’est un coach, une entraîneuse, une prostituée.
Alors quelle solution Vincent Parizot a-t-il adoptée pour le titre de son podcast ? Je pense qu’il n’y a rien changé. On dit souvent que le masculin l’emporte sur le féminin, ou de manière moins polémique qu’il fait fonction de neutre : eh bien voilà qui nous arrange, pour une fois, les salauds de l’histoire, ce sont aussi des monstres au féminin.
Quant à la question du jour, c’est moi qui me la suis posée, pour une fois. Ce qui me semble étonnant, à moi, c’est la terminaison en AUD de salaud, qui devrait logiquement donner salaude au féminin. Alors que s’est-il passé ? D’abord, il faut savoir que les deux mots n’ont pas toujours été vulgaires. Salope a même désigné au XVIIe siècle une femme ou un homme très sale. Il nous en reste le verbe saloper, d’ailleurs, rendu inoubliable par Zézette épouse X.
Hum.
"Étymologiquement, explique doctement l’Académie française, salope n’est pas le féminin de salaud. Celui-ci est dérivé de sale, alors que celui-là est composé à l’aide de sale et de hoppe, forme dialectale de huppe, un oiseau qui traîne la triste réputation d’être particulièrement malpropre (…). De salope a été tiré un masculin, salop, que l’on rencontre chez des auteurs du xixe siècle (…) mais qui ne s’utilise plus."
"C’est donc bien, au masculin, salaud et, au féminin, salope qu’il faut employer, en précisant toutefois que le féminin salope peut avoir une forte connotation sexuelle.” Merci l’Académie, ça on avait compris !
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