Langue française : qu’est-ce qu’une sinécure ?

Vous savez comme découvrir du vocabulaire me remplit de joie, amis des mots. C’est pourquoi je me suis plongée avec délices dans une sorte d’almanach de la langue française, intitulé Quatre saisons – c’est signé Karine Dijoud, aux éditions Le Robert, une mine de délices sur notre langue. 

Tenez, par exemple, sauriez-vous définir ce que c’est que l’alacrité ? Certes, ce n’est pas un terme que nous utilisons tous les jours… Je me souviens même que mon amie Fabienne, une ancienne correctrice du Monde, m’avait un jour fait compliment de mon alacrité. Enfin, il me semblait que c’était un compliment… mais je n’étais pas vraiment sûre du sens du mot, qui, comme le fait remarquer Karine Dijoud, "à l’oreille, n’est pas très plaisant", peut-être parce qu’il fait songer à âcre, à critique et à médiocrité ! J’étais allée fissa vérifier dans le Larousse qui n’est jamais bien loin de moi, et ouf, la définition me convenait. "Le mot vient du latin alacritas, vivacité, et désigne la gaieté d’humeur, l’enjouement", précise l’autrice.

Ce qui m’a rendue encore plus enjouée, c’est d’apprendre le mot nostomanie : celui-là, je ne l’avais jamais entendu. Formé sur le grec ancien nostos (retour) et mania (fou de quelque chose), le terme "désigne le besoin impérieux de retourner dans le lieu où l’on a passé son enfance". On reconnaît le cousinage étymologique avec la nostalgie, à ceci près que, "plus qu’un simple mal du pays, la nostomanie est une mélancolie se nourrissant du souvenir d’un ailleurs idéalisé et embelli", bref, "aucun voyage ne saurait y mener", et il n’est pas recommandé de "sombrer dans la nostomanie"…

Je ne risque pas, d’autant que j’ai appris encore un mot à gagner 200 points au Scrabble, épizeuxe. Il s’agit d’une figure de style, celle qui "consiste à répéter un mot ou un petit groupe de mots en début de phrase", comme quand Verlaine écrit "Ô triste, triste était mon âme / A cause, à cause d’une femme"… ou quand Dalida chante "Paroles, paroles, paroles…"

Xénisme sans xénophobie

Ah, autre terme délicieux : le xénisme, tiré du grec xenos, l’étranger (on reconnaît la famille de la xénophobie, la peur de l’étranger). Un xénisme, c’est une expression "provenant d’une langue et utilisée dans une autre langue, sans y être assimilée"… Par exemple ? Quand vous dites No problem, ou In the pocket, ou Happy birthday, ou quand vous profitez de la dolce vita, vous recourez à des xénismes. Joli, non ?

Tiens, plus connue, pour finir, mais pas si connue que cela : la sinécure. On entend surtout souvent "ce n’est pas une sinécure", pour dire que quelque chose n’est pas de tout repos : "Garder tes gosses, dis donc, c’est pas une sinécure !" Bref, on sait à peu près ce que ça n’est pas, mais savez-vous précisément ce qu’est une sinécure, amis des mots ? Sinécure vient du latin sine cura, signifiant "sans souci", et s’est d’abord appliqué semble-t-il à un bénéfice ecclésiastique sans travail associé, bref, une sinécure, c’est une charge, "un emploi pour lequel on est rétribué sans avoir rien à faire (ou presque)". L’idéal !

Mais comme mon job à moi n’est pas une sinécure, je ne partirai pas sans répondre à la question du jour : c’est celle d’Alain, d’Ambeyrac, dans l’Aveyron, qui avec son fils s’interroge sur la façon d’écrire "aucuns travaux". Comme l’explique Larousse.fr, aucun s'emploie au pluriel avec des noms qui n'ont pas de singulier ou dont le singulier n’a pas le même sens. Donc, cher Alain, dans quelques cas exceptionnels, aucuns prend bien un S final : une opération sans aucuns frais, aucunes fiançailles ne seront plus belles que les vôtres, j’ai acheté un appartement sans aucuns travaux, tout ça avec un S à aucuns !