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Langue française : quand faut-il écrire "croire en" ou "croire à" ?
"A" ou "en" ? Parfois, de tout petits mots font trébucher notre français. Les conseils de Muriel Gilbert…
Ce samedi 10 ami, amis des mots, on se penche sur des outils "petits, mais costauds", ceux qui articulent les mots entre eux : les prépositions. Il y en a des dizaines en français, et elles ont une caractéristique bien commode, qu’elles partagent avec les adverbes : elles sont invariables.
Les prépositions, c’est aussi bien après que avant, avec, à (avec un accent), chez, dans, de, depuis, derrière, dessus, devant, en, jusque, malgré, par, parmi (donc, répétons-le, jamais de S à parmi), il y a aussi pour, sans, sauf, sous, sur, vers, etc. Sans les prépositions, nos phrases ne tiennent pas debout.
Si je dis : "Le café est dans la tasse”, la préposition, c’est dans. Sans elle, ça donne : "Le café est la tasse"… Y a comme une erreur. Dans la phrase : "On se retrouve dans deux heures", il suffit d’une faute de préposition, et ça devient "On se retrouve à deux heures", ce qui est tout différent – sauf s’il est minuit ou midi !
D’ailleurs, il arrive qu’on ait le choix entre deux prépositions, et c’est là que justement ça se corse. C’est le cas pour Marjorie, qui m’écrit de Caen, dans le Calvados. Sa petite-fille a perdu une dent de lait, figurez-vous, et vous connaissez cette tradition qui veut qu’une délicieuse petite souris vienne la nuit remplacer cette quenotte laissée sous l’oreiller par un petit cadeau. Eh bien Marjorie "est en bagarre avec sa fille", me dit-elle, car "elle dit qu’il faut croire EN la petite souris" alors que Marjorie pense qu’on croit "à" la petite souris.
Une guerre de prépositions ! Alors, qui a raison ? La maman. On croit à la petite souris, comme on croit au père Noël. Cela signifie que l’on croit à son existence. Croire en quelqu’un ou quelque chose est possible aussi, bien sûr, c’est pour cette raison que l’on peut se tromper. Croire en, c’est avoir confiance en quelqu’un ou quelque chose. Un amateur de sport peut croire en tel ou tel jeune footballeur, par exemple. On peut même croire tout court, sans préposition, mais alors le sens change encore : cela signifie que l’on pense que quelque chose ou ce que dit quelqu’un est vrai : "Je crois ton histoire", "Je crois ma sœur."
Croire à Dieu ou croire en Dieu ?
On croit AU père Noël et à la petite souris, mais on croit EN Dieu, en la Providence, en tout ce qui est religieux. La Banque de dépannage linguistique précise que l’on peut aussi croire à Dieu : "Croire à Dieu, c’est croire à son existence, tandis que croire en Dieu, c’est mettre sa confiance en lui, avoir la foi. Comme elle comprend les deux idées, l’expression croire en Dieu est plus courante."
En fait, on commet quantité d’erreurs avec les prépositions… J’en profite pour en remettre une couche sur les plus fréquentes : on circule en train, en avion, mais à cheval, à vélo et à trottinette, parce qu’on ne monte pas dedans. Évidemment, on va au salon de coiffure, mais chez le coiffeur, à la boucherie, mais chez le boucher.
Et tenez, des erreurs moins évidentes, que je corrige souvent, y compris sous la plume des journalistes du Monde… et qu’il m’arrive aussi d’entendre sur RTL… D’abord avec le verbe pallier. On ne pallie pas à quelque chose, on le pallie tout court. Le travail de la correctrice consiste à pallier les lacunes en français des journalistes (et non pallier aux lacunes). Une autre boulette ultracourante concerne le verbe lorgner, qui veut dire "regarder avec insistance" ou "convoiter quelque chose secrètement", suivant la définition du Larousse. Eh bien, on lorgne les bénéfices de son concurrent, on ne lorgne pas sur ses bénéfices. On lorgne sa voisine de plage, pas sur sa voisine !
En revanche, si vous êtes corrézienne ou zien, notre correctrice vous propose à 10 heures ce samedi matin une dictée où l’on a le droit de lorgner la copie de son voisin, c’est à la mairie de Perpezac-le-Noir !
