Un Bonbon sur la langue à consommer avec modération ! Un certain Stéphane, de Marseille, nous indique que tous les débits de boissons sont tenus par la loi d’afficher un texte, au nom de la “Protection des mineurs et [de la] répression de l’ivresse publique”.
Cette affiche porte trois gros titres en gras, que vous avez sans doute déjà lus en attendant votre petit espresso ou votre petite mousse au comptoir, dont l'un a intrigué notre auditeur : “Il est interdit de vendre à crédit des boissons alcooliques”. "Boissons alcooliques ? Et alcoolisées alors ?”, s'interroge Stéphane.
En effet, “boissons alcooliques”, c’est bizarre. On imagine spontanément que c’est plutôt Homo sapiens qui devient éventuellement alcoolique, à force d’abuser des boissons alcoolisées.
Naturellement, le terme "alcoolique" vient de l’alcool, alcool qui fait partie des nombreux mots français issus de la langue arabe, avec ses camarades café, matelas, jupe ou chiffre, au hasard (hasard qui, au passage, est, lui aussi, un emprunt à l’arabe).
Alcool, au départ, c’est al-khol. Al, c’est l’article défini, qui correspond à “le”, en français. “Al-cool”, c’est donc “le khol”, et d’ailleurs, le khôl, ce “fard noirâtre (…), comme le décrit le Petit Larousse, utilisé à l’origine dans les pays arabes pour le maquillage des yeux” a la même origine que l’alcool qui se picole.
Quand le mot arrive chez nous, au XVIe siècle, il désigne d’abord une poudre, la poudre de cet élément chimique qu’on appelle l’antimoine. Il s’écrit alors avec un H entre les deux O, Alcohol. Or, cette poudre d’antimoine s’obtenant notamment par sublimation – la sublimation, en chimie, c’est le passage de l’état solide à l’état gazeux –, par analogie, on s’est mis à appeler "alcool de vin" puis "alcool" tout court, ce que l’on appelait jusqu’alors "l’esprit" du vin.
Au départ, l'esprit vient du latin "spiritus", “le souffle, l’air, la respiration”. D’où l’idée d’appliquer ce terme à l’âme humaine, à l’intelligence, et aussi aux êtres immatériels – les esprits frappeurs, une maison hantée par des esprits.
C’est en tout cas cette idée de souffle, d’air, qui fait que, en chimie, esprit a désigné "la partie la plus volatile des liquides soumis à distillation", pour reprendre les termes de ce cher Larousse, qui précise que “l’alcool éthylique, par exemple, était appelé esprit-de-vin”. C’est cette origine latine spiritus qui explique d’ailleurs que les alcools forts soient appelés des spiritueux.
Mais revenons à notre alcool, et à l’adjectif alcoolique. Larousse.fr, à cette entrée, si vous cliquez sur cet onglet “difficultés” qui est si incroyablement pratique, l’explique très clairement : “En principe, ces deux mots doivent être distingués. Alcoolique = qui contient naturellement de l'alcool. Le rhum est une boisson alcoolique. Alcoolisé = à quoi on a ajouté de l'alcool. Le punch est une boisson alcoolisée.”
Larousse conclut par une remarque qui tombe sous le sens : “Alcoolisé est de plus en plus employé dans le sens d'alcoolique.” Quant au Petit Robert, qui est toujours plus tolérant, il accepte tout simplement “les boissons alcoolisées” comme synonyme en bonne et due forme des “boissons alcooliques”. À consommer avec modération, quoi qu’il en soit, amis des mots, en cette période d’agapes de fin d’année, si vous voulez garder clair votre esprit !
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