C'est l'un des pires tortionnaires de la Seconde Guerre mondial. Surnommé "le boucher de Lyon", Klaus Barbie est officier SS et chef de la Gestapo à Lyon. C'est un bourreau froid, cruel et sans pitié, responsable de la mort de 4.500 personnes.
L'arrestation et la mort de Jean Moulin, c'est lui. La rafle des enfants juifs du refuge d'Izieu dans l'Ain, c'est encore lui. Après la guerre, la France demande l'extradition de Klaus Barbie.
Klaus Barbie a toujours été un nazi, pur et dur. En 1933, année où Hitler accède au pouvoir et devient chancelier, Barbie a 20 ans. Il adhère aux jeunesses hitlériennes. A 22 ans, il s'engage chez les SS. Une année plus tard, il devient membre du parti nazi où il rencontre sa future épouse, Regina Wilms, avec laquelle il aura deux enfants. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Barbie, sous-officier SS, est envoyé aux Pays-Bas après l'invasion du pays.
Là-bas, il traque les juifs, les francs-maçons et les émigrés allemands. Il fait tellement de zèle qu'il devient officier. Il est promu lieutenant, quelques mois seulement après sa prise de fonction et il reçoit d'ailleurs la Croix de Fer, l'une des plus hautes distinctions de l'administration nazie.
Après quelques mois en URSS, Barbie arrive en France au printemps 1942. Il parle bien notre langue et prétend avoir des ancêtres français, côté paternel. Après deux missions dans le département de Lens puis à Dijon, Barbie est nommé en novembre 1942, après l'invasion de la zone libre par les Allemands, à la tête de la section de la Gestapo, la police allemande.
Il prend ses fonctions dans la ville de Lyon, mais sa zone de couverture couvre aussi les départements des Savoies, le Jura et les Vosges. Sur ces ordres, beaucoup de personnes sont arrêtées, torturées et assassinées.
En février 1943, Barbie fait irruption avec ses hommes au siège lyonnais de l'Union Générale des Israélites de France, une organisation créée par le régime de Vichy pour aider les Juifs. Mais l'UGIF mène aussi des actions clandestines. Elle organise des filières d'évasion pour permettre aux Juifs de quitter la France et place des enfants dans des familles non-juives.
Et ça, Klaus Barbie le sait. Alors pour arrêter le plus de monde, la Gestapo dresse une véritable souricière. Pendant des heures, elle attend et arrête tous ceux qui se rendent à l'Union Générale des Israélites de France. Au total, 86 personnes sont interpellées. Elles sont ensuite internées au camp de Drancy, puis déportées vers les camps d'extermination. Seules trois personnes survivront à cette série d'interpellations et reviendront des camps de la mort.
Cette même année en juin, c'est sous la direction de Klaus Barbie que Jean Moulin, qui représente le général de Gaulle en France, est arrêté à Caluire, dans la banlieue de Lyon, avec six autres résistants. Barbie ordonne que Moulin soit torturé avant de le conduire à Paris. Mais Jean Moulin meurt de ses blessures dans le train qui le transfère en Allemagne en juillet 1943. Barbie dira de Jean Moulin qu'il a été son "meilleur ennemi".
En 1944, le chef de la Gestapo lyonnaise ordonne encore plus de rafles, de tortures et d'exécutions de juifs, de maquisards et d'otages accusés de soutenir les résistants, de femmes, d'enfants. Le 6 avril avril, à Izieu, dans le département de Lens, deux camions de la Wehrmacht et une voiture de la Gestapo déboulent dans une vieille bâtisse qui sert de refuge à une colonie qui héberge des enfants juifs pour la plupart.
Dépendante de l'œuvre de secours aux enfants, la colonie d'Izieu tente de faire passer les enfants en Suisse, à la frontière, toute proche. Mais au total, ce 6 avril, 44 enfants âgés de 4 à 17 ans et 7 accompagnateurs seront arrêtés et emmenés à la prison de Montluc. Le soir même, Klaus Barbie, toujours méthodique, toujours zélé, envoie un message au siège de la Gestapo à Paris pour préciser que la déportation aura lieu le lendemain, à Drancy. 42 enfants et 5 éducateurs sont assassinés à leur arrivée à Auschwitz-Birkenau, à l'exception d'une éducatrice qui sera, elle, la seule survivante. Le directeur de la maison d'Izieux et deux adolescents seront déportés en Estonie, puis fusillés.
Quand Adolf Hitler perd enfin la guerre, Klaus Barbie est sur la liste des criminels nazis recherchés par les alliés. La France, d'ailleurs, demande officiellement son extradition. Mais le boucher de Lyon est introuvable. Pendant deux ans, il va se cacher sous de faux noms. En Allemagne, il va vivre de petits boulots d'expédient tout en fondant un réseau d'anciens nazis. Par deux fois, il est arrêté. Mais deux fois, il est relâché.
Finalement, Klaus Barbie est embauché par les services de renseignements américains. En pleine guerre froide, ils sont intéressés par son expérience dans la traque des communistes. Mais rester en Allemagne est décidément trop risqué pour Klaus Barbie.
Alors, six ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, Barbie quitte le pays, en douce, grâce à l'aide du Vatican. Il va passer par l'Italie, puis rejoindre l'Amérique du Sud avec une nouvelle identité. Il s'appelle désormais Klaus Altman. Au service de la CIA, il sillonne le continent à la chasse des communistes pour le compte des dictatures argentines, péruviennes, boliviennes.
Comme pendant la guerre, ses méthodes d'interrogatoire sont musclées. Barbie est aussi un homme d'affaires. Il dirige une entreprise d'exploitation de bois et une compagnie maritime qui fait dans le trafic d'armes et de drogues. Barbie pense alors qu'on l'a oublié. Mais un couple, Serge et Beate Klarsfeld, est bien décidé à le retrouver.
Et ce sera chose faite. Pour autant, l'extradition de Barbie vers la France se fait attendre. Le bourreau nazi se la coule douce. Pendant encore dix ans, en Bolivie, protégée par le régime militaire au pouvoir et par les États-Unis en sous-main. Mais après la chute du dictateur bolivien, l'étau se resserre peu à peu.
La France livre mitraillettes à la Bolivie et elle obtient en échange la possibilité d'extrader le bourreau nazi arrêté officiellement par les Boliviens pour escroquerie. Cette fois, c'en est fini. Klaus Barbie est extradé vers la Guyane française, puis en métropole.
Barbie face à la justice à Lyon. Pour la première fois en France, un prévenu est jugé pour crime contre l'humanité. Une infraction créée en 1945 par le tribunal de Nuremberg quand, pour la première fois, des cadres nazis avaient eu à répondre de leurs actes. Quant à l'idée du procès filmé dans son intégralité, elle vient du ministre de la Justice, Robert Badinter, qui justifie ainsi que, "vu l'atrocité des faits et le nombre exceptionnel de victimes, le procès s'annonce historique et médiatique, ne conserver aucune trace pour la mémoire paraît inconcevable".
Klaus Barbie est reconnu coupable de crimes contre l'Humanité. Il est condamné à la prison à perpétuité. On attribue à Klaus Barbie 4.342 assassinats, 7.581 déportations de juifs, ainsi que 14.311 arrestations et actes de torture de résistants en France.
Incarcéré dans une prison lyonnaise, Barbie mourra d'un cancer en et ses cendres seront transportées en Autriche. Le procès et la condamnation de Klaus Barbie vont marquer un tournant dans le devoir de mémoire sur la période de la collaboration en France et d'autres tortionnaires vont rendre des comptes par la suite.
>> Les Salauds de l'Histoire. À travers un récit long format, Éric Brunet retrace, toutes les semaines, la vie et les crimes d'un salaud de l'Histoire. Une collection spéciale de notre émission phare Entrez dans l'Histoire.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte