Joseph Darnand : qu'est-ce que la Milice, la version française de la SS pendant le régime de Vichy ?

Surnommé le "bourreau des Français", Joseph Darnand était antisémite, anticommuniste et antigaulliste. Il était le numéro 1 d'une organisation pro-nazie, la Milice, à l'origine de centaines d'assassinats et d'arrestations de juifs et de résistants. La Milice était une petite copie version française de la SS qui a repris le geste du bras droit levé. Elle comptait 25.000 membres. 

La Milice a coopéré avec la Gestapo, arrêté des juifs et a commis des massacres contre des résistants camouflés dans le maquis et contre ceux qui ne voulaient pas travailler en Allemagne dans le cadre du STO, le service du travail obligatoire. Mais le champ d'action des miliciens était limité, car ils n'avaient pas d'armes. Du coup, Darnand a mendié des fusils et des mitrailleuses auprès des cadres nazis. 

Darnand est le chouchou d'Adolf Hitler. Le Führer a ordonné que Darnand soit nommé à un ministère important. Dans le gouvernement de Vichy, son chef, Pierre Laval, nomme Darnand, secrétaire général au maintien de l'ordre à la place de René Bousquet, le principal organisateur de la rafle du Vel d'Hiv en juillet 1942. Joseph Darnand devient le numéro 2 du gouvernement de Vichy.

Des condamnations à mort prononcés en quelques minutes

Il était toujours le patron de la Milice et depuis que les nazis lui ont donné des armes, la Milice a tabassé, torturé et assassiné à tour de bras. Elle a institué des cours martiales, prononcé en quelques minutes des condamnations à mort, exécutables immédiatement. Certaines de ses victimes étaient célèbres. 

La Milice a tué Maurice Sarraut, le directeur du journal radical socialiste La Dépêche et le ministre du Front populaire Jean Zay. Elle était aussi derrière le meurtre de Victor Basch, le président de la Ligue des droits de l'homme, et de sa femme, tous deux octogénaires. La Milice a également assassiné, l'ex-ministre de l'Intérieur, Georges Mandel, dans la forêt de Fontainebleau. 

La milice n'était pas qu'une bande d'assassins. C'était aussi un groupe de voyous qui a pillé, qui volé les biens et l'argent des juifs et des résistants. Alors que les Français crevaient de faim, les miliciens, en cette fin de Seconde Guerre mondiale, se sont délectés de la nourriture et des grands vins qu'ils volent et amassent un véritable trésor. 

Conduit au peloton d'exécution

Tandis que la fin du régime de Vichy approche, Joseph Darnand a fui avec une grosse valise contenant 200 millions de francs, des centaines de pièces d'or volées par les miliciens lors d'un braquage à la succursale de la Banque de France à Belfort. Il s'est caché dans une petite ville italienne et déguisée en moine. Lorsqu'il a été soudainement arrêté par un agent des services spéciaux britanniques, interrogé à Milan par des officiers français. Transféré à la prison de Fresnes où croupissent plus de 5.000 collabos, Darnand a été entendu comme témoin dans le procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de Justice. 

Le 3 octobre 1945, dans une salle d'audience pleine à craquer, Darnand a eu un procès expéditif. Cinq heures montrent en main. Un procès expéditif, mais sans surprise et à l'unanimité, la peine de mort est proclamée. Il est resté impassible au moment du verdict. Et le 10 octobre 1945, au fort de Châtillon, quand il a été conduit au peloton d'exécution, Darnand a entonné l'hymne de la Milice, le chant des cohortes. Puis, Darnand a été fusillé, et comme le veut le protocole, un soldat a achevé Darnand, de deux balles dans la tête.

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