Charles Ponzi : comment un immigré italien a donné son nom à l'"arnaque du siècle"

Finir sa vie à Rio de Janeiro. Un coin de paradis brésilien, coincé entre le bleu de l'océan et le vert des montagnes. Difficile d'espérer mieux. Tels étaient les derniers couchers de soleil de Charles Ponzi. En 1949, lorsque l'Italien décède à l'hôpital pour nécessiteux de la métropole carioca, il ne lui reste plus que 75 dollars dans les poches. Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il a été multimillionnaire. Mais une enquête des journalistes du Boston Post, parue 29 ans plus tôt, a scellé son sort et révélé l'escroquerie du siècle: la pyramide de Ponzi. 

Carlo Ponzi naît en 1882 à Lugo, en Émilie-Romagne. Élevé par des parents sans-le-sou, le jeune homme peine lui aussi à gagner le sien. Animé par le rêve américain, il part pour New York et troque Carlo contre Charles. Il n'a que 21 ans. Vendeur ambulant, réparateur de machines à coudre, commis épicier... L'indigent enchaîne les petits boulots mal payés. Pris la main dans la caisse pour arrondir ses fins de mois, Charles Ponzi se fait renvoyer à de multiples reprises. Il migre alors vers le Canada où une mystérieuse banque italienne fait beaucoup parler d'elle. 

Charles Ponzi y décroche une place en prétendant appartenir à une riche famille romaine lors de l'entretien d'embauche. Il grimpe peu à peu les échelons. Tout en haut de la boîte, trône Luigi Zarossi, un financier ayant fait fortune dans le commerce de cigares. Le patron propose à des immigrés italiens des prêts assortis d'incroyables taux d'intérêts trois fois supérieurs à ceux des banques. L'aubaine n'est en réalité qu'un montage financier frauduleux. Zarossi utilise l'argent placé par les nouveaux clients pour rémunérer les plus anciens. 

Braquage à l'italienne

L'affaire de Zarossi commence à éveiller les soupçons et le filou s'évapore au Mexique. Quant à Charles Ponzi, il regagne le Massachusetts avec une idée en tête. Il a découvert l'existence de coupons réponse internationaux, des bons qui permettent d'échanger des timbres et de simplifier l'envoi de courrier entre correspondants de pays différents. Il veut en acheter en quantité, en Europe où ils ne valent rien, pour les revendre à prix fort aux États-Unis. En 1919, sa société, la Securities Exchange Company, voit donc le jour. 

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Le projet du roublard s'étoffe encore un peu plus. Charles Ponzi lance un appel aux investisseurs et leur promet un incroyable retour sur investissement. Une mise de départ multipliée par deux en un mois et demi avec un risque proche de zéro. Sa combine ? Elle est directement inspirée de Luigi Zarossi. Il va réutiliser les fonds des nouveaux investisseurs pour payer les anciens tout en se taillant la part du lion. Au total, 40.000 personnes vont lui faire confiance. Le montant du pactole ? Près de 15 millions de dollars, l'équivalent de 235 millions aujourd'hui. 
À l'été 1920, le Boston Post publie un article détaillant le passé crapuleux de l'immigré italien. Ceux qui ont placé leurs billes souhaitent désormais les reprendre. Au moins un tiers d'entre eux ne récupéreront pas le moindre centime. Charles Ponzi n'a pas d'autre choix que de se rendre aux autorités. Il écope de cinq ans de prison. Une fois sa peine purgée, Charles Ponzi rejoint le gouvernement Mussolini au sein de la section financière. Puis, l'illusionniste disparaît. Paradoxalement, il est fauché mais va quand même laisser un héritage derrière lui : la recette de l'arnaque du siècle. 

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