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Shoko Asahara : qui était vraiment le leader d'Aum Shinrikyo, l'effroyable secte japonaise ?

PODCAST - Exécuté par pendaison en 2018 pour son implication dans les attentats au gaz sarin dans le métro de Tokyo, le leader de la secte Aum a marqué de son empreinte la société nippone. De professeur de yoga à tueur de masse, itinéraire d'un illuminé qui a berné tout son monde, ou presque.

Shoko Asahara

Crédit : Getty Images / GETTY IMAGES ASIAPAC / Getty Images via AFP

Shoko Asahara : qui est vraiment le leader d'Aum Shinrikyo, l'effroyable secte japonaise ?

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La brise du printemps flotte sur Tokyo ce matin du 20 mars 1995. Un ciel radieux et les premières fleurs des cerisiers accompagnent les travailleurs jusqu'au métro. Quelques mètres plus bas, c'est le chaos. Une odeur pestilentielle a envahi les couloirs. Des usagers convulsent au sol tandis que d'autres titubent vers la sortie la plus proche. Au total, 6.000 personnes viennent d'être intoxiquées au gaz sarin et treize ont perdu la vie. Le cerveau de cette attaque se prénomme Shoko Asahara, un professeur de yoga devenu leader de l'une des sectes les plus influentes du Japon.

L'itinéraire de cet assassin démarre en rase campagne, à 1.000 kilomètres de la capitale nippone. Shoko Asahara, de son vrai nom Chizuo Matsumoto, a grandi au milieu de six frères et sœurs dans une famille plus que modeste. Il est atteint d'un glaucome qui le rend presque aveugle. Mais ne vous y trompez pas, Matsumoto est un déjà enfant terrible. Au sein de l'école pour non-voyants dans laquelle il a été envoyé, le garçonnet hurle sur ses enseignants et menace de mettre le feu aux dortoirs. Moins handicapé que la plupart de ses camarades, il les harcèle et vole leur argent.

Chizuo Matsumoto est majeur. Il échoue à rejoindre la faculté de droit et se lance dans des études d'acupuncture. Ses projets prennent forme. Il ouvre une boutique de remèdes miracles en banlieue de Tokyo et fonde une famille. Hélas, son commerce de plantes et d'arnaques ne plaît guère aux autorités. Il est condamné à vingt jours de prison et à une amende de 1.000 dollars. Sa reconversion s'opère dans l'ésotérisme où il va trouver un sens à son existence dans une société transformée par le boom économique des années 1970. Matsumoto est désormais professeur de yoga.

Le divin menteur

Jusqu'au jour où, couché sur une plage, le dieu hindou Shiva lui apparait et le désigne pour diriger l'armée de Dieu. Cette rencontre céleste est suivie d'un échange avec un historien lors d'une retraite dans l'Himalaya. Le savant lui annonce une fin du monde prochaine et la survie d'une poignée d'humains méritants, guidés par un leader venu du Japon. Pour Matsumoto, les étoiles s'alignent. Il se renomme Shoko Asahara et laisse pousser ses cheveux ainsi que sa barbe. La secte Aum Shinrikyo voit le jour. Nous sommes en 1987.

À présent, le nouveau Christ cosmique cherche ses fidèles. Shoko Asahara doit donc impressionner. Il prétend posséder des pouvoirs surnaturels. Le dirigeant se fait prendre en photo en position du lotus à quelques centimètres du sol. L'image est publiée dans le journal. L'impact est immédiat. De jeunes esprits adhèrent au cercle religieux fondé par Shoko Asahara. Ils ont été bernés. Le photographe révélera plus tard que le gourou avait tout simplement sauté au moment du cliché. Et les mensonges seront encore nombreux : potions magiques à base de sang, poils de barbe pour infusions énergétiques...

Le petit Chizuo Matsumoto est devenu grand. Il a accumulé une fortune en fixant des tarifs exorbitants pour intégrer Aum. La secte est connue dans tout le pays et Asahara a son rond de serviette sur les plateaux de télévision. Mais parmi les 10.000 membres d'Aum Shinrikyo, à la fin des années 80, certains commencent à douter des enseignements du gourou. Tout bascule alors dans la violence. Shoko Asahara fait étrangler un dissident par ses sbires. Des anciens du KGB forment ses fidèles au kidnapping, à la torture et aux assassinats. La secte fomente des attentats à l'arme chimique. Deux d'entre eux toucheront leur cible en 1994 et en 1995. Au même moment, la spirale sanguinaire prend fin. Les services de police ont enfin mis la main sur le criminel.

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