Encore un Bonbon sur la langue fourré au coronavirus. Il faut dire qu’on peut lui reprocher bien des choses, à celui-là, mais pas de ne pas être inspirant, il n’y a qu’à voir la créativité qui explose en feux d’artifice sur les réseaux sociaux. Et l’épidémie inspire aussi quantité de questions de langue à nos auditeurs.
Je dis souvent dans cette chronique que la langue change sans cesse, qu’elle est mouvante, que c’est même ce qui différencie une langue vivante comme la nôtre d’une langue morte comme le latin. Chaque année apporte sa moisson de réalités nouvelles, techniques et culturelles, qui font jaillir des mots nouveaux, et, en la matière, la pandémie de Covid-19, qui change nos vies de manière si radicale, se pose un peu là !
Il y a un mot qui fait beaucoup parler depuis la dernière allocution du président de la République, c’est… eh oui, "le déconfinement", bien vu ! Il y en a, comme moi, que le mot fait rêver (je rêve d’aller me promener au bois avec ma chienne Fifi, pour commencer), mais il y en a d’autres qu’il défrise. C’est le cas de JP, qui m’écrit, sur RTL.fr, "On parle beaucoup de déconfinement, mais ce mot existe-t-il vraiment ?" Il y a aussi Yvon, par exemple, qui a écrit au courrier des lecteurs du Monde en disant : "Pourquoi utiliser le mot déconfinement, alors qu’il n’existe pas dans le dictionnaire Larousse ni dans celui de l’Académie française ?"
Déconfinement, c’est "confinement", bien sûr, auquel on a ajouté ce qu’on appelle un "préfixe", un petit truc devant, "dé". "Dé est l’un des préfixes les plus productifs de la langue française, indiquant qu’une action s’effectue en sens inverse ou est annulée", explique le Dictionnaire historique de la langue française d’Alain Rey (éd. Le Robert). Il donne les exemples de barbouiller/débarbouiller ; boucher/déboucher, mais les possibilités sont sans fin ; c’est pourquoi les dictionnaires, même les meilleurs, même les plus gros, ne peuvent pas lister tous les mots possibles.
On pourrait d’ailleurs imaginer pléthore d’autres créations, avec d’autres préfixes, avec ou sans trait d’union, on est libre au moment où l’on crée un mot. Proconfinement et anticonfinement, par exemple. Ou co-confinement, avec le préfixe "co" qui veut dire "ensemble", comme dans colocataire ou coemprunteur, pour parler de gens qui sont confinés dans un même lieu. Il n’est pas interdit non plus de parler de période pré- ou postconfinement.
En somme, déconfinement est un mot très bien formé. Nous vivons une réalité nouvelle, les mots la racontent et les dictionnaires n’ont pas encore eu le temps de les intégrer. Mais les dictionnaires entérinent l’usage, ils ne le créent pas. Il y a fort à parier que déconfinement fera partie des nouveaux mots de la version 2021 ou 2022 du Petit Larousse et du Petit Robert (pas du dictionnaire de l’Académie, parce qu’il n’est pas modifié chaque année).
J’espère seulement que les dictionnaires n’auront pas à intégrer un autre mot, fort bien formé lui aussi, basé sur un autre préfixe, re, qui marque un "retour à l’état antérieur", c’est… reconfinement !
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte