Tiktok, Instagram... Comment le Vatican s'empare des réseaux sociaux pour communiquer et attirer de nouveaux fidèles

Chemise à col romain, manches courtes laissant entrevoir ses tatouages, le père Giuseppe Fusari est surnommée le "prêtre cool". Originaire de Brescia au nord de l'Italie, il compte plus de 63.000 abonnés sur les réseaux sociaux. Selon lui, comme de plus en plus de personnes les utilisent, "c'est important qu'on y soit aussi". Quinquagénaire, il utilise quotidiennement ces plateformes numériques pour partager "la parole de Dieu". Un mode d'évangélisation moderne, que l'Église catholique semble vouloir encourager.

Le 29 juillet dernier, le Vatican a organisé un "Jubilé des missionnaires numériques et influenceurs catholiques". Évènement inédit, il a rassemblé des milliers des stars des réseaux sociaux. Selon Giuseppe, un des points positifs de ce rendez-vous est qu'il "nous permet de faire connaissance". Un avis partagé par la sœur Albertine, une des influenceuses catholiques françaises les plus suivies. Également présente à Rome pour le jubilé, elle a confié à l'AFP que "rien que le fait que le Vatican décide d'organiser cet événement nous dit que c'est important". Pour elle, un des objectifs de ce rassemblement est de "chercher ensemble comment porter cette nouvelle évangélisation". 

À 29 ans, la Sœur Albertine cumule plus de 320.000 abonnés sur Instagram. Sur TikTok, certaines de ses vidéos dépassent le million de vues. Cette jeune religieuse considère les plateformes numériques comme un "terrain missionnaire" à part entière où elle peut toucher les jeunes et non catholiques. En utilisant les codes des réseaux sociaux, un discours simple, un montage dynamique et une énergie communicative, elle raconte son quotidien de religieuse. Sœur Albertine donne des conseils pour lire la Bible ou propose des prières accompagnées. Une façon de communiquer qui casse les codes traditionnels de l'Église, très appréciée par les internautes. Dans ses commentaires, des followers la remercient pour " ces courts conseils, efficaces et accessibles aux néophytes !". Certains internautes expliquent même qu'ils ne sont pas chrétiens mais que  " la simplicité et la profondeur de vos discours me touchent beaucoup". 

Depuis plusieurs années, l'Europe est touchée par une vague de déchristianisation massive. Pour Sœur Albertine, les réseaux sociaux "c'est là où sont les gens et notre boulot est d'aller à leur rencontre". La jeune femme, qui porte une simple croix en bois autour du cou, se réjouit que ses vidéos soient sorties de la "bulle catho". Elles touchent désormais "tous types de personnes, tous milieux sociaux, (...) au-delà des frontières et des carcans qu'on pourrait imaginer" dit-elle.

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Le plus grand influenceur est Dieu

Cardinal philippin Luis Antonio Tagle

Cette évangélisation en ligne n'est pas pratiquée uniquement par des religieux. Francesca Parisi, une enseignante du sud de l'Italie, essaye de "dissiper les préjugés qui entourent les catholiques" via de courtes vidéos postées sur TikTok. Elle compte plus de 21.000 abonnés sur cette plateforme. S'étant convertie tardivement, elle tente de toucher celles et ceux "qui se sont éloignés de l'église". 
 
Soutenus par le Vatican, les "missionnaires numériques" ont eu le droit à leur propre messe dans la basilique Saint-Pierre. Accueilli par des tonnerres d'applaudissements et filmé sous tous les angles, le pape Léon XIV a appelé à "nourrir d'espérance chrétienne les réseaux sociaux et les milieux numériques". Comptant lui-même 14 millions d'abonnés sur Instagram, il a assuré ses confrères que "face aux changements culturels, au cours de l'histoire, l'Église n'est jamais restée passive".

"Le plus grand influenceur est Dieu !", a clamé devant la foule le cardinal philippin Luis Antonio Tagle. Très populaire chez les jeunes, il a mis en garde les autres influenceurs contre une utilisation "nuisible" des réseaux sociaux.

"Est-ce qu'il faudrait un mandat ? Est-ce qu'il y a une durée de cette mission ?", s'interroge sœur Albertine. "On discute pour voir comment écrire ensemble cette nouvelle page d'évangélisation" a-t-elle expliqué. Pour l'instant, la position du Vatican sur le sujet demeure floue : aucune règle ou recommandation précise n'a été transmise aux missionnaires.