OM-PSG, Real-Barça : le piratage sportif continue de prospérer sur Telegram

Les fans de foot étaient servis ce weekend de fin octobre 2024 avec Real-Barça, samedi soir, et OM-PSG, dimanche soir, deux des affiches les plus attendues de la saison. Mais le clasico espagnol et son équivalent français n'ont pas forcément fait les affaires de leurs diffuseurs : les deux rencontres ont surtout été marquées par le retour des streamers illégaux sur la plateforme Telegram. 

Après un début de saison marqué par une explosion du piratage chez les suiveurs du ballon rond, le nouveau diffuseur de la Ligue 1 DAZN, et dans une moindre mesure BeIN SPORTS, entendaient profiter de ce week-end pour séduire de nouveaux abonnés. Le contexte semblait d'autant plus favorable que la chasse aux liens pirates sur Telegram semblait enfin porter ses fruits depuis l'automne. Après la mise en examen du fondateur de la plateforme Pavel Durov en France et l'annonce du durcissement des mesures de modération de la messagerie, plusieurs diffuseurs pirates majeurs avaient annoncé la fin de leur activité, rendant plus difficile la quête de liens illégaux pour les internautes français les soirs de match.

Ces progrès, accueillis avec beaucoup de réserve par les acteurs de la lutte contre le piratage, semblent avoir déjà fait long feu. Le choc entre les deux meilleures équipes espagnoles, diffusé sur BeIN SPORTS samedi soir, et la rencontre au sommet de la Ligue 1, proposée par DAZN dimanche soir, ont vu des chaînes pirates cumuler plus de 100.000 spectateurs sur Telegram en France. Et des liens étaient accessibles tout le long du week-end pour suivre les autres rencontres de Ligue 1, les affiches de Premier League et le Grand Prix de Formule 1, diffusé sur Canal+.

"La situation ne s'est pas améliorée du tout. Il y a trois gros streamers qui ont arrêté mais le piratage continue. Telegram ne ferme plus rien", souligne auprès de RTL Hervé Le Maire, patron de LeakID, société spécialisée dans la protection des droits, notamment de la Ligue 1. En cause, principalement, des temps de réponse trop longs de Telegram qui rendent inefficaces les mesures prises pour couper l'accès à des matchs de 90 minutes diffusés en direct. "Les délais de retrait observés sur Telegram restent en effet aléatoires et peuvent toujours s’étendre jusqu’à plusieurs heures", confirme à RTL la Ligue de football professionnel qui attend de la plateforme "une collaboration beaucoup plus active et une modération encore plus rapide et efficace" et "des mesures efficaces à l'égard des internautes diffusant de façon répétée des contenus manifestement illicites".

Pour passer la seconde dans la chasse aux liens illégaux, la LFP précise à RTL qu'elle finalise actuellement un dossier de candidature au statut de signaleur de confiance, en vertu duquel ses notifications de retraits de contenus illicites devront être traités de manière prioritaire par les plateformes. La ligue se réserve aussi la possibilité de diligenter des procédures contre ces plateformes au motif d'un non-respect du droit européen. À ce jour, une douzaine de procédures contre des acteurs majeurs du piratage opérant sur les réseaux sociaux ont été engagées par ses soins en France. Un rapport d'évaluation sur les mesures de lutte contre le piratage des événements sportifs est attendu en novembre de la part de la Commission européenne.