Le vent aurait-il tourné pour les pirates de matchs de foot sur Telegram ? La Ligue de football professionnel et les chaînes sportives pourraient bien avoir franchi une étape majeure dans la lutte contre le piratage de leurs contenus. Une pratique illégale en pleine explosion depuis le début de la saison.
Ces derniers jours, plusieurs canaux spécialisés dans la diffusion illégale de contenus sportifs ont annoncé qu'ils cessaient leur activité sur Telegram. Ces diffuseurs amateurs cumulaient plusieurs dizaines de milliers d'inscrits sur leurs différents groupes. Certains de leurs flux pouvaient être suivis par plus de 100.000 personnes en simultané le week-end durant les matchs les plus attendus, entraînant un manque à gagner considérable pour les détenteurs des droits des rencontres.
"Ils se sont pris un coup de pression de Telegram", confirme à RTL Hervé Le Maire, directeur de LeakID, société spécialisée dans la protection des droits. Le week-end dernier, ce spécialiste de la lutte contre le piratage a constaté que la plateforme avait fermé les liens illicites des rencontres piratées de Ligue 1 en 10 à 20 minutes. Un délai sans commune mesure avec les standards habituels de la messagerie, jusqu'ici de l'ordre de plusieurs heures, qui rendaient inefficaces les mesures prises pour couper l'accès à des matchs de 90 minutes diffusés en direct.
Cet effort inhabituel de Telegram doit forcément être lu à la lumière de l'arrestation de son fondateur et patron Pavel Durov par les autorités françaises il y a un mois. Mis en examen pour de multiples infractions liées à son application et interdit de quitter le territoire français, l'entrepreneur a annoncé le 23 septembre que la plateforme allait dorénavant communiquer aux autorités les adresses IP et les numéros de téléphones de ceux qui violent ses règles. Une évolution majeure pour la messagerie qui avait toujours refusé de dévoiler des informations sur ses utilisateurs en dehors des affaires de terrorisme depuis sa création.
Ce changement de stratégie, que constatent également les juges qui enquêtent sur des affaires criminelles, doit désormais s'inscrire dans la durée pour avoir un impact notable. "C'est une bataille de gagnée, mais pas la guerre", souligne Hervé Le Maire de LeakID. "L'annonce de Telegram semble porter ses fruits. Mais ces premiers éléments devront être confirmés", abonde Xavier Spender, secrétaire général de l'Association pour la protection des programmes sportifs (APPS), qui regroupe notamment Canal+, BeIN Sports et la LFP. Les diffuseurs interrogés par RTL se félicitent d'un début de retour à la normale et du respect du droit, mais refusent de crier victoire pour l'heure. "On a pu observer une baisse du nombre de flux proposés par Telegram depuis quelques jours. On espère que c'est le début d’une tendance réelle et d’un vrai changement de politique de la plateforme", indique à RTL Sarah d'Arifat, directrice juridique de BeIN Sports.
Interrogée par RTL, la Ligue de football professionnel se montre plus mesurée sur la volte-face de Telegram. "Les premiers efforts sont intéressants mais pas suffisants", souligne l'instance, qui souhaite que la plateforme aille "beaucoup plus loin et beaucoup plus vite pour se conformer à ses obligations légales". Selon elle, "les délais de retrait restent aléatoires et ne sont pas toujours compatibles avec la protection des contenus diffusés en direct". La LFP espère que les nouvelles mesures annoncées par la plateforme permettront d'identifier plus facilement les streamers et de déposer davantage de plaintes. Plusieurs procédures ont d'ailleurs déjà été engagées contre des diffuseurs de matchs piratés.
Les prochaines soirées foot seront déterminantes pour mesurer les intentions réelles de Telegram alors que se profilent les matchs de la première journée de la phase de groupe de Ligue Europa ces mardi et mercredi et une nouvelle journée de championnat en France et à l'étranger ce week-end. "L'accent semble avoir été mis sur la Ligue 1. On va voir si Telegram va appliquer cette modération à toute l'Europe ou seulement à la France. On a déjà vu d'autres flux illicites émerger lundi sur des matchs de Liga espagnole", observe Hervé Le Maire.
Si la tendance se confirme, le spécialiste s'attend à voir les spectateurs migrer vers d'autres plateformes susceptibles d'abriter des matchs piratés en streaming. Notamment X (Twitter), dont la politique de modération est régulièrement critiquée depuis le rachat par Elon Musk et le licenciement de centaines d'employés dédiés à cette activité. "Les autres plateformes jouent le jeu, mais X a des temps de fermeture moyens qui ne nous conviennent pas. On a vu un match de Ligue des champions du Real Madrid en langue arabe suivi par plus d'un million de personnes la semaine passée. Mais on a des moyens de pression, ça ne devrait pas durer longtemps", promet Hervé Le Maire.
Bienvenue sur RTL
Ne manquez rien de l'actualité en activant les notifications sur votre navigateur
Cliquez sur “Autoriser” pour poursuivre votre navigation en recevant des notifications. Vous recevrez ponctuellement sous forme de notifciation des actualités RTL. Pour vous désabonner, modifier vos préférences, rendez-vous à tout moment dans le centre de notification de votre équipement.
Bienvenue sur RTL
Rejoignez la communauté RTL, RTL2 et Fun Radio pour profiter du meilleur de la radio
Je crée mon compte