C'est un procès crucial qui se profile pour le pionnier des réseaux sociaux. Cinq ans après la plainte initiale déposée sous le premier mandat de Donald Trump, Meta est attendu au tribunal à Washington la semaine prochaine pour faire face à des accusations d'abus de position dominante lors des acquisitions d'Instagram et WhatsApp dans les années 2010.
Le procès se pose déjà comme le défi antitrust le plus important de l'histoire du groupe de Mark Zuckerberg. Son issue pourrait voir la firme de Menlo Park (Californie) contrainte de se séparer de ses deux plateformes sociales les plus dynamiques. L'affaire enverra aussi un signal fort sur la capacité de l'administration américaine à empêcher les Big Tech de piétiner les libertés individuelles dans une industrie désormais en ordre de bataille pour s'attirer les bonnes grâces de la Maison Blanche.
Sauf intervention de dernière minute, le procès aura bien lieu, anéantissant l'espoir du patron de Meta que le retour de Donald Trump à la Maison Blanche entraîne un assouplissement du droit de la concurrence contre son entreprise.
L'affaire judiciaire a débuté en 2020 par une plainte de la Fédéral Trade Commission, le gendarme américain de la concurrence, appuyée par une cinquantaine d'États américains. L'administration estime que le géant des réseaux sociaux a racheté Instagram en 2012, pour moins d'un milliard de dollars, puis mis la main sur WhatsApp en 2014, contre 19 milliards de dollars, pour étouffer ses concurrents potentiels.
Ces deux opérations, validées sans condition par la FTC à l'époque, ont effectivement permis de renforcer la position dominante de Facebook dans les réseaux sociaux et les messageries. Quand Mark Zuckerberg a mis la main sur Instagram en 2012, il s'agissait d'une jeune application mobile prometteuse, permettant simplement de partager des photos depuis un smartphone. Elle compte aujourd'hui 2 milliards d'utilisateurs et est l'une des plateformes les plus influentes en matière de e-commerce et de marketing.
"L'impact potentiel d'Instagram est vraiment effrayant et c'est pourquoi nous devrions envisager de payer beaucoup d'argent" pour acquérir cette entreprise, avait écrit Mark Zuckerberg dans un courriel avant l'acquisition, d'après le dossier de la FTC. L'agence fédérale affirme que le rachat de WhatsApp par Meta en 2014 a suivi le même schéma, Mark Zuckerberg craignant que la messagerie ne se transforme en réseau social ou ne soit achetée par un concurrent.
Mark Zuckerberg, son ancienne vice-présidente Sheryl Sandberg et une longue série de dirigeants d'entreprises rivales seront appelés à la barre au cours d'un procès qui doit débuter lundi 14 avril et durer au moins huit semaines. La défense de Meta fera valoir que ses investissements substantiels ont transformé ces deux start-up en superproductions ayant peu en commun avec leurs versions originales. Elle soulignera également que la FTC a initialement approuvé les deux transactions et qu'elle ne devrait pas être autorisée à revenir en arrière.
Si l'autorité américaine de la concurrence l'emporte, la justice pourrait contraindre Meta à se défaire d'Instagram et de WhatsApp, devenus des poids lourds mondiaux depuis leur rachat. Mark Zuckerberg, troisième fortune mondiale, s'est rendu à plusieurs reprises à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump en Floride, et à la Maison Blanche pour tenter de persuader le dirigeant américain d'opter pour un règlement à l'amiable - une décision qui serait extraordinaire à ce stade avancé de la procédure.
Andrew Ferguson, le président de la FTC nommé par le chef d'État, a minimisé cette possibilité. "Je pense que le président reconnaît que nous devons appliquer les lois, donc je serais très surpris qu'une telle chose se produise", a-t-il déclaré au site spécialisé The Verge.
Depuis la victoire du candidat républicain en novembre, Mark Zuckerberg a multiplié les avances pour s'attirer les bonnes grâces de Donald Trump. Il a notamment nommé des alliés républicains à des postes importants chez Meta, assoupli les règles de modération des contenus et versé des contributions financières. Malgré cela, "je ne suis pas sûr que Trump soit persuadé que Zuckerberg mérite d'être racheté", a commenté George Hay, professeur de droit de la concurrence à la Cornell Law School.
Le procès Meta est l'une des cinq grandes actions antitrust lancées récemment par le gouvernement américain dans le secteur des technologies. Google a été reconnu coupable d'abus de position dominante sur le marché de la recherche en ligne en août dernier, tandis qu'Apple et Amazon font également l'objet de poursuites. La FTC joue gros dans cette affaire. Après les revers subis dans les dossiers Meta-Within et Microsoft-Blizzard, une nouvelle défaite du gendarme américain de la concurrence pourrait renforcer la position dominante des géants technologiques.
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