Location, avion, loisirs... Les arnaques dont il faudra vous méfier pendant les vacances cet été

Une villa idyllique à un prix défiant toute concurrence, un virement qui n'arrive jamais, une amende à payer urgemment ou un faux remboursement des impôts à percevoir.... À l'instar des soldes et des fêtes de fin d'année, la saison estivale est une période propice aux arnaques en tous genres. Les escrocs rivalisent d'ingéniosité pour tromper les victimes avec des méthodes récurrentes et des techniques plus innovantes qui touchent aussi bien les particuliers que les professionnels durant la haute saison touristique. 

"Ce que l'on voit plus particulièrement pendant les vacances, ce sont les arnaques à la location", souligne à RTL Jean-Jacques Latour, directeur expertise cybersécurité au sein de la plateforme gouvernementale Cybermalveillance qui fait de la prévention contre les attaques en ligne et vient en aide aux victimes tout au long de l'année. D'après les chiffres transmis à RTL par le ministère de l'Intérieur, la plateforme Info-Escroqueries, hébergée par la sous-direction de lutte contre la cybercriminalité (SDLC) de la police judiciaire, a reçu 2.150 appels concernant des fausses locations depuis le début de l'année. Et 1.909 plaintes ont été déposées depuis le 1er janvier via la plateforme THESEE de signalement et de dépôt de plainte pour les particuliers victimes d'escroqueries. 

L'arnaque à la location saisonnière peut prendre plusieurs formes. Les escrocs publient des annonces frauduleuses dans lesquelles ils reprennent généralement la véritable adresse et des photos authentiques des biens collectées sur des sites de location, comme Airbnb, Se Loger, Abritel ou Le Bon Coin. "Les plateformes font la chasse à ces annonces, sur la base des signalements, mais il y en a toujours qui arrivent à passer entre les mailles du filet. Et quand vous arrivez sur place, avec femme et enfants et les valises sur le toit, il n'y a pas de location, on vous dit que c'est déjà loué, ou qu'ils n'ont jamais été en contact avec vous", résume l'expert. 

Redoubler de vigilance pour ne pas tomber dans l'arnaque à la location

Cette arnaque peut occasionner des préjudices de l'ordre de plusieurs milliers d'euros. Pour réduire les chances de tomber dans ce piège, dont il est quasiment impossible de se prémunir à 100%, il est important de respecter un certain nombre de principes. "Il y a une grande vigilance à avoir avant d'envoyer de l'argent à quelqu'un", explique Jean-Jacques Latour.

Concrètement, il convient de vérifier que l'adresse est conforme à la description et que les photos ne sont pas publiées sur d'autres annonces sur d'autres plateformes. Il faut demander un maximum de garanties au loueur et ne pas se contenter d'échanger par mail : il faut avoir discuté a minima au téléphone ou en direct avant de régler la location. Surtout, il faut s'abstenir au moindre doute, qu'il s'agisse d'un prix trop compétitif pour être vrai, d'une demande d'acompte trop élevée (au-delà de 20%), d'un virement en mandat cash ou à l'étranger. Sinon, solliciter une agence de location coûtera plus cher mais permettra d'avoir quelqu'un contre qui se retourner en cas de problème.

Méfiance face aux virements bancaires

Méfiance également au moment du règlement de la location. Chaque été, les services de police constatent de nombreux piratages d'identifiants bancaires. L'an passé, pas moins de 300 plaintes avaient été enregistrées pour des préjudices pouvant monter à plusieurs milliers d'euros.

L'arnaque repose sur des piratages de boîtes mails réalisés plus tôt dans l'année. Les escrocs restent en sommeil et agissent au moment des échanges entre les propriétaires de location et leurs clients. Ils interceptent le message contenant le relevé d'identifiant bancaire du professionnel et le remplacent par un nouveau parfaitement identique contenant un nouveau RIB afin que le futur locataire envoie le virement vers leur compte en banque.

Une fois réalisée la supercherie, il est ensuite compliqué de récupérer les fonds s'ils sont déjà sortis du compte bancaire. A fortiori, s'ils ont migré vers un compte situé à l'étranger ou dissimulé derrière une société de transferts d'argent. S'il s'agit d'un virement SEPA, il est en théorie possible de faire une demande d'annulation du virement dans les 8 semaines suivant l'exécution, et sous 13 mois en cas de fraude. Pour se prémunir de cette arnaque, il est conseillé de ne pas communiquer de données bancaires par mail et de privilégier un échange en direct avec le propriétaire pour lui faire confirmer son RIB et de se méfier des paiements vers des comptes à l'étranger qui rendent impossibles la localisation du propriétaire en cas de litige.

Les arnaques autour des locations concernent aussi les propriétaires. Une technique récurrente consiste à demander un RIB et un exemplaire signé du contrat de location pour faire par la suite une demande de virement non autorisée auprès de la banque de la victime. Une autre arnaque voit le faux locataire envoyer un chèque d'un montant supérieur au prix demandé pour solliciter un remboursement avant que le chèque initial ne soit déclaré impayé quelques jours plus tard. 

Attention aux promos sur les parcs d'attraction, les locations de voiture et les billets d'avion

D'une manière générale, tous les secteurs en lien direct avec le tourisme sont susceptibles de faire l'objet de tentatives de fraudes durant la période estivale. On observe régulièrement de fausses offres de remboursement pour des billets d'avion usurpant l'identité de compagnies aériennes populaires, de fausses annonces pour des billets à prix réduits pour des parcs d'attraction comme le Puy-du-Fou, Disneyland ou Central Park. Après deux années de flambée des prix, les locations de voiture sont aussi un thème privilégié par les escrocs. Des escroqueries sur le thème des amendes, prétextant un excès de vitesse ou un stationnement gênant impayé, sont aussi susceptibles d'être diffusées à grande échelle pour surfer sur les multiples déplacements des Français.

Les vacances d'été peuvent aussi un vecteur d'attaques informatiques. Les professionnels de cybersécurité alertent régulièrement sur les risques liés à l'effervescence de la période estivale et au relâchement de l'attention des vacanciers. Il convient de garder à l'esprit les pratiques élémentaires d'hygiène numérique comme le fait de sécuriser ses appareils en installant les mises à jour, de se méfier des réseaux et bornes de recharge publics, d'utiliser un VPN pour se connecter à ses outils professionnels. La vigilance est de mise aussi face aux QR codes accolés aux tables des restaurants et sur les lieux touristiques qui peuvent être détournés et renvoyer vers des liens malveillants. "En cas de perte ou de vol de téléphone, attention également aux SMS de phishing envoyés dans la foulée par les voleurs d'iPhone pour tenter de récupérer les accès à l'appareil en prétextant sa localisation par les services d'Apple", souligne Matthieu Castel, responsable de l'ingénierie Europe du Sud et Centrale chez Jamf, joint par RTL.

Enfin, un autre phénomène est attendu entre fin juillet et septembre avec l'ouverture de la période des remboursements réalisés par les impôts. Les experts rappellent que la Direction générale des finances publiques n'envoie jamais de SMS pour demander un numéro de carte bleue ou procéder directement à une transaction. Les opérations se font directement sur le compte bancaire communiqué à l'administration.

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