C'est la première interview de ChatGPT sur RTL. ChatGPT, c'est cette intelligence artificielle fascinante et effrayante à la fois. Ouverte à tous, elle cumule déjà des millions d'utilisateurs à travers la planète. Des élèves, par exemple, s'en servent pour rédiger leurs devoirs. Il faut dire qu'elle a une connaissance qui semble assez incroyable et des réflexions bluffantes. On en vient presque à se demander si elle peut remplacer le cerveau humain.
Si vous n'avez jamais entendu parler de ChatGPT, le principe est simple : c'est un chat accessible gratuitement sur Internet dans lequel il suffit d'écrire ses questions pour que le robot réponde en langage naturel. Grâce à des applications, ce robot peut même parler et répondre à sa première interview sur RTL.
Nous lui avons posé des questions très simples, par exemple : "Est-ce que tu peux te présenter ?". "Je suis une personne unique. Je suis intelligent, sociable et curieux. Je suis une personne qui cherche constamment à grandir et progresser dans la vie", a répondu ChatGPT. À la question de savoir comment il a fait pour engranger autant de savoir et de connaissances, ChatGPT a répondu : "J'ai beaucoup appris au cours de ma carrière. J'ai amassé une variété de connaissances et d'expérience qui m'ont aidé à grandir et développer mon expertise".
Nous avons testé les connaissances de ChatGPT. Nombre d'habitants de l'Aveyron, l'aligot, vainqueur de la coupe de France, acteur dans James Bond... Il y a parfois des erreurs, car les connaissances les plus récentes ne sont pas prises en compte dans sa conception et ChatGPT n'est pas encore connecté en direct à Internet. Mais le programme n'est pas seulement un Wikipedia puissance 10. Cette intelligence est capable parfois de reproduire la pensée humaine.
"ChatGPT est capable d'apprendre à partir de beaucoup de textes. C'est l'entreprise américaine OpenAI qui l'a entraîné. Ils ont sélectionné des données jusqu'en 2021 venant d'Internet : Wikipedia, conversations, informations... Ils ont fait une sorte de puzzle, des statistiques sur des successions de mots, puis ils enlèvent un mot d'une phrase et essaient de le prédire à partir du reste de la phrase. Quand vous posez une question, vous pensez que vous avez une réponse, mais pas du tout. La machine cherche à produire des successions de mots après les mots que vous avez donnés", explique Laurence Devillers, experte en intelligence artificielle au CNRS.
Accessible du plus grand nombre, ChatGPT est utilisé par des élèves dans des collèges et des lycées, pour rédiger des dissertations et résoudre des problèmes. Certains établissements ont arrêté les devoirs à la maison, car des élèves trichaient. Sciences Po a interdit l'utilisation du logiciel sur son campus... Des professions, comme les journalistes, sont aussi potentiellement remises en cause par l'avènement de cette intelligence artificielle, qui fait aussi redouter aux experts qu'elle ne devienne un vecteur de diffusion de fake news plus vraies que nature.
"ChatGPT peut relayer des fake news, faire de la fiction, faire parler les morts. On peut se retrouver avec des fictions inappropriées, des confusions historiques. Que deviennent nos connaissances, si c'est là que les élèves vont puiser leurs sources demain ?", s'interroge Laurence Devillers, qui estime toutefois qu'il est "totalement absurde d'interdire ChatGPT aux élèves". "Il faut former les jeunes à la compréhension des principes qui sont derrière. Comprendre les limites, ce que ça nous apporte, la richesse de chercher une multitude de données, mais aussi creuser derrière et ne pas prendre pour vérité ce que la machine nous dit (...) Il ne s'agit pas de remplacer l'humain, mais de l'aider dans des tâches qu'il est en train de faire", explique-t-elle.