"C'est le futur de la recherche" : comment Google va transformer son moteur de recherche

Google lance sa contre-attaque face à la percée des nouveaux acteurs de la recherche en ligne. Ce mardi 20 mai, lors de la conférence Google I/O, la firme de Mountain View a officialisé une mue majeure de son moteur de recherche. L'ère de la recherche par mots-clés, qui a façonné le web depuis plus de deux décennies, va progressivement céder sa place à une expérience plus visuelle et proactive, radicalement transformée par l'intelligence artificielle, afin de ne pas perdre de terrain face à ChatGPT ou Perplexity, dont les assistants sont de plus en plus prisés des internautes pour trouver la réponse à leurs questions.

Au cœur de cette refonte, Google ajoute dès mardi aux États-Unis un nouvel onglet "AI Mode" dédié à la formulation des requêtes longues et complexes. Ce nouvel outil ambitionne de fournir des réponses détaillées, visuelles et personnalisées, qu'il sera possible d'affiner dans une conversation en langage naturel. Avec le mode Deep Search, l'IA pourra diviser chaque question en plusieurs sous-requêtes, explorer le web et analyser les sources avant de délivrer le résultat final en générant automatiquement des graphiques et des tableaux. Un fonctionnement qui rappelle le moteur de raisonnement o3 proposé par OpenAI avec l'abonnement payant de ChatGPT. 

En parallèle, Google va continuer de déployer ses "Aperçus IA", la fonctionnalité "AI Overview", déjà testée par 1,5 milliard d'utilisateurs dans une centaine de pays et désormais disponible dans plus de 200 marchés. D'après la firme, ces résumés par IA, qui s'affichent en tête des blocs de résultats avant les liens traditionnels favoriseraient l'engagement avec les contenus originaux. 

La première brique vers un agent intelligent universel

Ces nouveaux outils pourront s'appuyer sur une nouvelle version de l'assistant Gemini, désormais décliné dans une version "Search" censée fournir des réponses plus détaillées et mieux documentées. Avec Personal Context, l'assistant pourra proposer des réponses personnalisées en fonction du profil de l'utilisateur, de l'historique de son activité sur internet et de ses correspondances. A condition d'avoir donné accès à son historique de recherche, sa boîte mail ou ses documents stockés en ligne. Le géant va aussi miser sur les capacités du projet Astra, son IA multimodale qui permet aux internautes de discuter de ce qu'ils voient en temps réel avec l'IA pour obtenir des informations de multiples sources visuelles, comme un objet filmé depuis la caméra du téléphone. 

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Google a fait la démonstration du mode agent de son assistant à qui les utilisateurs pourront bientôt confier des tâches redondantes à exécuter de façon autonome. Dans le cadre d'une recherche d'appartement, Gemini pourra trouver des annonces correspondant à des critères prédéfinis, créer des comparaisons, planifier des visites et les ajouter au calendrier. Google applique également cette recette au commerce en ligne avec le lancement aux Etats-Unis d'un outil de shopping assisté par IA "Buy for me" qui promet d'automatiser le processus de consommation, de la recherche de produits via des fiches dynamiques, au conseil client personnalisé en passant par une fonctionnalité pour acheter automatiquement l'article s'il convient à un prix fixé au préalable.

Ces évolutions rapprochent le moteur de recherche de Google d’une interface conversationnelle globale, à la manière de ChatGPT. "C'est le futur de la recherche", a assuré Liz Reid, à la tête de la recherche chez Google. L’ambition est claire : passer de l’information à l’intelligence, en faisant du moteur de recherche un agent omniprésent, proactif et personnalisable, capable d’anticiper les besoins et d’agir à la place de l’utilisateur. "Les récentes mises à jour de Gemini représentent des étapes cruciales pour concrétiser notre vision d'un assistant IA universel, qui vous aide dans votre vie quotidienne, qui est intelligent et comprend le contexte dans lequel vous vous trouvez, et qui peut planifier et prendre des mesures en votre nom sur n'importe quel appareil", a expliqué Demis Hassabis, patron de Google DeepMind.

Des fonctionnalités pas encore disponibles en Europe

Avec ces changements, dont les plus innovants seront réservés aux abonnés à une nouvelle formule à 249 dollars par mois, Google entend rester le point d’entrée par défaut vers le savoir en ligne, malgré l’émergence de nouveaux acteurs. La pression est d’autant plus forte que la domination du moteur de recherche est aujourd’hui contestée non seulement par des concurrents innovants comme ChatGPT, Perplexity AI ou Claude d'Anthropic, la Chine, mais aussi par la justice américaine. Washington accuse le géant californien d’avoir verrouillé son monopole via des pratiques déloyales, et réclame désormais la cession de Chrome. La récente révélation d’une baisse de trafic sur Google via Safari, une première en deux décennies, a jeté un froid sur les marchés, provoquant une chute de 7 % du titre Alphabet en Bourse. 

Cette mutation suscite aussi des questions techniques, notamment celle de la fiabilité des informations, les "Aperçus IA" étant encore sujets à des erreurs factuelles, et des interrogations plus sectorielles, comme celle de la rémunération des contenus. Google est resté muet sur les modalités de compensation des sites producteurs d'informations, tout en s'évertuant à minimiser l'impact de ses nouveaux outils pour leur trafic. La refonte du premier moteur de recherche s'accompagne aussi d'enjeux réglementaires majeurs, tant ces changements bousculent l'équilibre économique du web des dernières années. En s'imposant comme l'interface unique entre les internautes et l'information, Google prend le parti de marginaliser les sites tiers et d'écarter les commerçants de la relation client. La majorité des nouvelles fonctionnalités dévoilées mardi ne seront pas déployées immédiatement en Europe où les autorités suivent ces évolutions technologiques de près.