Google va changer la façon dont vous faites des recherches sur Internet

Les recherches sur Google telles que nous les connaissons vont bientôt changer. Le géant technologique a annoncé mardi 14 mai à l'occasion de sa conférence annuelle Google I/O qu'il allait doper son moteur de recherche à l'intelligence artificielle générative. Le changement le plus important dans l'histoire du "Search Engine" qui archidomine le secteur de la recherche en ligne depuis 1998.

Dès la semaine prochaine, les internautes américains verront s'afficher la fonctionnalité "AI Overview" - ou "aperçus d'IA" - directement sous la barre de recherche, reléguant au second plan les listes de liens traditionnelles. Cette section pensée comme une vue d'ensemble des résultats de la recherche proposera des réponses rapides en synthétisant les meilleures sources disponibles sur le Web. Les résumés seront générés par l'intelligence artificielle Gemini de Google. 

À travers ce changement, Google entend pousser les internautes à passer d'une recherche par mots-clés à une discussion en langage naturel avec son moteur de recherche. "Laissez Google chercher pour vous", résume l'entreprise sur la page de blog publiée sur le sujet mardi soir. En connectant son modèle Gemini à son moteur de recherche, Google peut désormais traiter des requêtes complexes mêlant plusieurs demandes en une seule question. Par exemple, trouver un cours de yoga qui soit populaire auprès des habitants, idéalement situé pour vos déplacements et qui propose des réductions pour les nouveaux membres. Une recherche qui donnerait lieu à plusieurs requêtes en temps normal.

Google veut toucher plus d'un milliard d'internautes avant la fin de l'année

"Désormais, avec l'IA générative, la recherche peut faire plus que vous ne l'auriez jamais imaginé. Vous pouvez donc demander tout ce qui vous passe par la tête ou tout ce que vous devez faire - de la recherche à la planification en passant par le brainstorming - et Google s'occupera du travail fastidieux", promet Google sur son site. D'après la société, Gemini peut ainsi élaborer un menu de repas sur plusieurs jours à la demande ou planifier des activités à partir d'informations disponibles dans Gmail, Google Docs et d'autres sources autorisées par l'internaute. À l'avenir, il sera même possible de faire des recherches en utilisant des vidéos comme source.

En test depuis un an, cette nouvelle formule sera d'abord déployée aux États-Unis avant d'arriver dans d'autres marchés pour toucher plus d'un milliard de personnes avant la fin de l'année 2024. L'intégration sera progressive. Google a indiqué que les aperçus d'IA ne seront pas proposés pour toutes les recherches, mais seulement pour répondre aux questions les plus complexes. Les recherches les plus simples donneront toujours lieu à l'affiche de résultats sous la forme de liens vers les sites Internet. 

Le lancement des aperçus d'IA s'inscrit dans la course à la maîtrise de l'intelligence artificielle dans laquelle est engagé Google face à OpenAI, le créateur de ChatGPT, Microsoft, Meta et d'autres acteurs de la Silicon Valley. Avec les progrès des grands modèles de langage, une nouvelle génération d'assistants virtuels et de moteurs de recherche aspirent à contourner Google dans la recherche en ligne. Sur Facebook, Instagram et WhatsApp par exemple, les utilisateurs peuvent déjà poser des questions à Meta AI, qui va puiser ses résultats dans des sources en ligne. D'après le cabinet d'analyse Gartner, le volume de requêtes adressés aux moteurs de recherche traditionnels baissera d'un quart d'ici 2026 au fil du développement des chatbots et agents d'IA sur le marché. Une menace bien identifiée par Google qui occupe plus de 90% des parts du marché mondial, d'après le cabinet StatCounter.

Une menace pour les revenus des sites Internet

La nouvelle présentation des résultats annonce toutefois des discussions houleuses avec les éditeurs des sites Internet qui voient se profiler avec inquiétude la relégation au second plan des résultats de recherche habituels et le trafic Internet qui en découle. Les résumés AI Overviews tels qu'ils ont été présentés mettront seulement en avant des liens vers une poignée de sources vers lesquelles les internautes pourront cliquer pour approfondir un sujet. Les éditeurs craignent que ces changements ne dissuadent les internautes de consulter les autres liens. Avec d'importantes répercussions sur les revenus issus du référencement, à la base du modèle économique de la majorité des sites Web, à la clé.

Google assure qu'il n'entend pas nuire à l'harmonie de l'écosystème mais de nombreuses questions restent en suspens à ce stade. Comment les sites seront-ils rémunérés pour les contenus utilisés pour produire les réponses synthétiques ? Comment la firme compte-t-elle faire en sorte que les petits éditeurs continuent à créer des contenus s'ils ne sont plus incités à le faire ? Son moteur sera-t-il toujours pertinent si de nombreux sites mettent la clef sous la porte et qu'il ne fait que régurgiter les réponses trouvées sur Reddit, Wikipedia et les plus grands médias ? Les conditions de génération des réponses par l'IA seront-elles transparentes ? 

Conscient de marcher sur des œufs, Google s'emploie déjà à rassurer. La nouvelle présentation entraînerait "plus de recherches et plus de satisfaction pour les utilisateurs", a assuré mardi Sundar Pichai, le patron de Google. D'après l'entreprise, les internautes finiraient même par "visiter une plus grande diversité de sites Web pour obtenir de l'aide sur des questions plus complexes". "À mesure que nous élargissons cette expérience, nous continuerons à nous concentrer sur l’envoi d’un trafic précieux aux éditeurs et aux créateurs. Comme toujours, les publicités continueront d'apparaître dans des emplacements dédiés tout au long de la page, avec un étiquetage clair pour distinguer les résultats organiques des résultats sponsorisés", promet aussi la firme. 

Signe du changement de paradigme à l'œuvre dans son activité historique, Google a également annoncé l'ajout d'un nouveau filtre dans son moteur de recherche pour permettre aux internautes de faire des recherches en ligne qui agrègent seulement les résultats sous la forme de texte et excluent les réponses issues des fonctions liées à l'IA ainsi que les contenus commerciaux et sponsorisés. Après 25 ans d'existence, la recherche sur le Web n'est plus qu'un filtre pour Google.

L’actualité par la rédaction de RTL dans votre boîte mail.

Grâce à votre compte RTL abonnez-vous à la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualité au quotidien

Je créé mon compte Se connecter

S’abonner à la Newsletter RTL Info