Après les nombreux scandales liés aux données personnelles survenus ces derniers mois, la vie privée est devenue une question centrale dans la Silicon Valley. Accusés de la dévoyer, Facebook et Google ont consacré une grande partie de leurs dernières conférences respectives pour expliquer comment ils comptaient donner plus de contrôle à leurs utilisateurs sans pour autant renier leurs modèles économiques, fondés, pour l'essentiel, sur l'exploitation des données personnelles à des fins de ciblage publicitaire.
"La vie privée n'est pas un produit de luxe", a même lancé le PDG de Google, Sundar Pichai, dans une allusion à peine voilée à Apple en mai dernier. Car en matière de respect de la vie privée, c'est bien Apple qui fait la course en tête.
Fort d'un modèle basé sur la vente de produits haut de gamme et de services populaires qui n'est pas dépendant de la publicité, la firme de Cupertino s'est posée en championne de la protection des données personnelles. "La vie privée est un droit fondamental de l'Homme", peut-on lire sur l'entête du site dédié à l'engagement d'Apple pour ces questions, mis en ligne il y a maintenant deux ans.
Chiffrement par défaut, traitement de l'intelligence artificielle sur l'appareil et non sur les serveurs de l'entreprise, blocage des cookies publicitaires, transparence des autorisations accordées aux applications... Apple a implémenté au fil des mois toute une série d'outils dans ses produits pour proposer à ses utilisateurs une expérience fluide et sécurisée. La société a profité de la conférence d'ouverture de la WWDC pour annoncer de nouvelles protections.
L'annonce la plus importante est sans doute "Sign in with Apple". À l'heure actuelle, la création d'un compte sur un service Web passe par un processus fastidieux impliquant de donner une adresse mail et de configurer un mot de passe. Pour aller plus vite, Facebook, Google mais aussi Microsoft ou LinkedIn proposent aux internautes d'utiliser leur identifiant sur leur plateforme pour s'identifier sur ces services tiers. Ces options prennent la forme de boutons de connexion sur lesquels il est inscrit "Continuer avec Facebook" ou "Continuer avec Google".
Ces outils très populaires sur les applications mobiles et les sites Internet permettent à Facebook et Google de récolter de précieuses données personnelles sur les services auxquels accèdent les internautes. Les développeurs des applications en question reçoivent de leur côté des informations provenant de Facebook et Google leur permettant d'ajuster leur ciblage pour proposer de la publicité plus rémunératrice. Pour l'internaute, il est difficile de contrôler ces flux d'informations qui ne sont pas à l'abri de faire l'objet d'une faille de sécurité.
Avec "Sign in with Apple", Apple propose à l'utilisateur de s'identifier à l'aide de son identifiant Apple. Il suffira d'appuyer sur le bouton de connexion pour se connecter via un scanner du visage avec Face ID ou un scan d'empreinte digitale Touch ID. L'internaute pourra même créer une adresse mail aléatoire et unique afin de pouvoir être contacté par l'application sans transmettre ses informations personnelles. La fonctionnalité sera lancée avec iOS 13 cet automne et fonctionnera également sur les sites Web et sur Android.
Cette nouvelle option devrait avoir de grandes répercussions sur le monde de la publicité en ligne. Pour imposer la fonctionnalité, Apple a indiqué aux développeurs que toutes les applications proposant des boutons de connexion devront nécessairement proposer celui d'Apple pour être admis sur l'App Store. Cela devrait pousser un grand nombre d'internautes à privilégier "Sign in with Apple" pour s'identifier et priver les éditeurs d'application d'une manne importante et de nombreuses interactions avec leurs utilisateurs.
Reste à voir comment les régulateurs accueilleront l'initiative alors qu'Apple est déjà sous le coup de plusieurs enquêtes pour abus de position dominante aux Etats-Unis et en Europe. "Il ne s’agit pas de s’attaquer à qui que ce soit", a tempéré Tim Cook dans une interview à la chaîne américaine CBS. "Nos utilisateurs veulent utiliser de nombreuses applications et services en ligne sans être surveillés. C’est une demande totalement justifiée".
Apple a aussi annoncé en marge de la WWDC que l'App Store n'allait plus autoriser les applications pour enfants trop gourmandes en données personnelles. Ces dernières ne pourront plus inclure de publicités ni d'outils de suivi externes sous peine d'être exclues du magasin d'applications.
Ce mouvement fait suite à la publication d'une enquête du Wall Street Journal soulignant qu'une grande majorité des applications mises en avant par Apple comporte en réalité des mouchards, y compris celles dédiées aux enfants, alors que la loi américaine et les textes européens interdisent la collecte d'informations sur les mineurs de moins de treize ans.
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