Le chef de l'État au chevet des soignants. Après une rencontre avec les boulangers, jeudi, Emmanuel Macron s'est rendu vendredi 6 janvier à l'hôpital de Corbeil (Essonne) pour présenter ses vœux aux professionnels de santé. Dans ce lieu symbolique, touché par une cyberattaque majeure cet été qui perturbe encore son activité aujourd'hui, le président de la République a livré un discours qu'il assure "fondateur" pour les années à venir afin de refonder le système de santé français au bord de l'implosion en ce début d'année 2023.
Entre la grève des médecins généralistes - plusieurs milliers dans la rue jeudi à Paris, des urgences débordées un peu partout sur le territoire, la pénurie structurelle de soignants et la triple épidémie hivernale de Covid-19, de grippe et de bronchiolite, jamais la situation n'avait paru aussi dégradée.
Attendu au tournant par des soignants à bout de souffle, le chef de l'État a tenu à saluer leur dévouement et à souligner "l'estime de la nation" qu'ils "suscitent par leurs efforts", avant de définir le cap pour les prochaines années et d'égrener plusieurs mesures concrètes, comme l'accélération du recrutement des assistants médicaux, la réorganisation du temps de travail à l'hôpital d'ici au mois de juin et la fin de la tarification à l'acte.
Le président a admis que le pays allait mettre du temps, "une décennie", avant de voir les mesures prises pour la reconstruction de l'hôpital public depuis 2020 dans le cadre du Ségur de la santé et les investissements de l'Etat, en hausse de 50 milliards depuis 3 ans, se traduire "en profondeur" dans la réalité.
"Nous sommes face à une situation qui risque plutôt se dégrader en terme de démographie médicale", a jugé le chef de l'Etat, rappelant la perte de 6.000 médecins généralistes, que la moitié des médecins aujourd'hui ont plus de 60 ans et que les premiers effets de la suppression du numerus clauses ne seront pas appréciables avant "5 à 8 ans". "On ne forme pas des médecins en un an ou deux ans. (...) Il n'y a pas de recette miracle", a-t-il poursuivi.
Face à cet horizon dégradé, Emmanuel Macron mise sur l'intelligence collective et la décentralisation. Selon lui, le salut passera par "la coopération entre personnels administratifs et soignants, médicaux et paramédicaux, entre la ville et l'hôpital". "Notre défi collectif, c'est à court terme de dégager du temps de soignants face aux patients", a-t-il estimé.
En dépit du déficit d'attractivité du monde hospitalier, obstacle au recrutement des soignants, le président de la République a promis d'accélérer l'embauche de postes d'assistants médicaux afin de prendre en charge les tâches administratives et logistiques des infirmiers.
"Près de 4000 assistants médicaux ont déjà signé un contrat, "c'est un vrai succès de la politique lancée en 2018, ça libère du temps médical. On doit arriver à 10 000 d'ici à l'année prochaine", a indiqué le chef de l'État, qui promet d'accroître les financements pour le faire. Cela doit permettre aux soignants de "se concentrer sur le cœur de leur métier".
Malgré l'augmentation des places ouvertes pour la formation des infirmiers, le Président a rappelé que près de 30% des élèves arrêtent en cours de formation et 15% échouent à l'issue. "Quand on ouvre 100 postes, 55 arrivent sur le terrain", a-t-il relevé, estimant notamment que Parcoursup ne permet pas de mesurer suffisamment leur motivation. Le chef de l'Etat souhaite que le système soit donc "plus responsabilisant en sortie d'études" afin d'éviter que les jeunes diplômés ne se dirigent trop rapidement vers des missions plus rémunératrices, notamment dans l'intérim.
Emmanuel Macron a appelé à avoir une réflexion sur l'organisation du temps de travail à l'hôpital, appelant à "remettre le système actuel à plat" d'ici le mois de juin. D'ici là, tous les hôpitaux devront avoir initié des discussions pour réorganiser les plannings à l'échelle des services comme la loi le permet désormais;.
Objectif : "rebâtir un système plus cohérent avec la réalité du quotidien" des soignants. Le chef de l'Etat vise notamment les 35 heures, "qui ont profondément perturbé l'hôpital", selon lui. "C'est le dernier endroit où elles fonctionnent encore", a-t-il dit, "une hyper rigidité", car "le système ne marche que par des heures sup".
Point central des revendications des médecins généralistes en grève depuis plusieurs semaines désormais, la question de la rémunération des médecins doit être abordée "à l'échelle des territoires", a estimé Emmanuel Macron, qui promet une meilleure rémunération des "médecins qui assurent la permanence des soins et ceux qui prennent en charge de nouveaux patients, celles et ceux qui vont former des jeunes, aider aux coups de chauffe". Emmanuel Macron a aussi évoqué le développement du recours à d'autres professionnels de santé pour certains actes, comme le renouvellement des ordonnances pour des maladies chroniques.
Face au problème des rendez-vous non honorés, au nombre de près de 30 millions chaque années, le chef de l'Etat a promis d'engager un travail avec l'Assurance maladie pour "mettre fin à cette irresponsabilité". Le Président a également appelé à ce que d'ici la fin de l'année, 600.000 malades chroniques en manque de médecin traitant ait "accès à une équipe traitante". "Qu'un malade chronique ne puisse pas se faire renouveler une ordonnance par une infirmière ou en pharmacie est absurde", a-t-il estimé."
Enfin, pour l'hôpital, Emmanuel Macron a annoncé la "sortie de la tarification à l’activité" dès le prochain texte budgétaire sur le financement de la Sécurité sociale. L'objectif est d'ajouter "une rémunération basée sur des objectifs de santé publique à l'échelle du territoire".
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