"Je n'en peux plus, je ne peux pas vivre avec ça", le témoignage du Dr Emmanuel Houdard confronté à l'acouphène pulsatile d'une jeune patiente

En janvier 2021, Laura, une jeune étudiante de 20 ans, commence à entendre un bruit étrange dans son oreille droite lors d'un jogging dominical avec son père. Ce bruit, rythmé par les battements de son cœur, l'alarme. Pensant d'abord à un simple acouphène, son médecin traitant la rassure, mais le bruit persiste. "C'est un bruit monotone et répétitif", lui explique-t-il, sans pouvoir offrir de solution.

Malgré plusieurs consultations, y compris chez des spécialistes ORL, Laura se heurte à un mur. Les examens ne révèlent rien d'anormal, et on lui conseille de simplement s'y habituer. "Il faut apprendre à vivre avec, comme plusieurs millions de gens le font", lui dit-on. Désemparée, Laura voit sa vie bouleversée : elle ne peut plus se concentrer en cours, sa relation avec son petit ami se détériore, et elle sombre peu à peu dans la dépression.

En décembre 2021, après une tentative de suicide avec un surdosage de somnifères, Laura est hospitalisée en psychiatrie. Les médecins attribuent son mal-être à des causes psychologiques, évoquant une carence affective liée au décès de sa mère.

C'est immédiatement ce bruit là qu'elle reconnaît

Dr Emmanuel Houdart

Cependant, Laura reste convaincue que son problème est d'ordre physique. En mai 2022, elle découvre par hasard qu'en appuyant sur son cou, le bruit s'arrête. Cette découverte la pousse à chercher des réponses ailleurs. C'est en regardant une émission de santé qu'elle entend parler du Dr Emmanuel Houdart, spécialiste en neuroradiologie à Paris, qui a traité un cas similaire.

Un mois plus tard, Laura rencontre enfin le Dr Houdart. Dès le début de la consultation, il imite deux types de sons pour identifier celui que Laura entend. "C'est immédiatement ce bruit-là qu'elle reconnaît", raconte-t-il. Le diagnostic tombe : Laura souffre d'un acouphène pulsatile, une maladie souvent méconnue mais traitable.

Grâce à une IRM spécialisée, le Dr Houdart identifie un rétrécissement d'une veine à proximité de l'oreille, cause fréquente de ce type d'acouphène. "Le mécanisme est simple", explique-t-il, "comme un tuyau d'arrosage pincé, le flux sanguin crée une turbulence sonore." Une intervention peu invasive permettrait de la soulager de ce bruit infernal. La jeune fille n'hésite pas une seconde. 

Une histoire qui montre l'importance d'une écoute attentive et d'un diagnostic précis. "Il y a 200 000 personnes en France qui souffrent d'acouphènes pulsatiles", souligne le Dr Houdart, "et beaucoup ne sont pas diagnostiquées correctement", conclut-il.

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