ÉDITO - Hôpitaux : "Jamais je n’aurais cru un jour voir en France des gens frapper ceux qui les sauvent", déplore Isabelle Saporta

Deux morts de moins de trente ans. L’une avait 26 ans. Elle est décédée dans la salle d’attente des urgences de Villeneuve-Saint-Georges.
L’autre avait 20 ans. Elle était atteinte d’une maladie génétique et c’est aux urgences de Longjumeau qu’elle s’est éteinte après avoir passé plusieurs heures dans un box.

On en est en France en 2025. Un pays qui s’enorgueillit d’avoir l’un des plus beaux systèmes de soin au monde et qui exsangue, qui laisse mourir les patients aux urgences. En France en 2025, on est en "Plan blanc" généralisé en hiver parce qu’on arrive pas à gérer une épidémie de grippe.

Alors j’entends la petite musique qui dit que les Français ne se vaccineraient pas assez. D’accord. Mais les Français préféreraient sûrement aller consulter leur généraliste plutôt que d’attendre des heures aux urgences. Sauf que les déserts médicaux se multiplient. Alors on va tous se presser aux urgences qui débordent. On attend des heures. 

Et les malades deviennent tellement dingues, qu’ils en viennent à agresser les soignants. Inacceptable. Pourtant, en France, en 2025, aux urgences d’Annemasse des patients ont tabassé des soignants. Jamais je n’aurais cru un jour voir en France des gens frapper ceux qui les sauvent. Sauf que c’est devenu monnaie courante. 

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On peut leur donner des médailles du mérite à nos soignants, parce que je ne sais pas comment ils tiennent dans ces conditions de travail, sous les coups et les insultes. Et après on fait semblant de s’étonner que ces professions n’attirent plus. 

Une impossible gestion du système de santé

On est incapable de gérer la santé comme une richesse. On la gère comme un coût qu’il faut absolument réduire drastiquement. On devrait encore la raboter de 5 milliards en 2025. Enfin, tout dépend encore de ce fameux budget dont on ne sait toujours pas si on pourra le passer un jour. Quoi qu’il en soit, les comptables ont déjà sorti leur calculette, alors que le système est à l’os.

Et ça n’est pas la valse des ministres de la Santé, sept en deux ans, qui va améliorer les choses. Alors qu’est-ce qu’on peut se souhaiter collectivement ? Bonne santé ? Plutôt bon courage, non ?