ÉDITO - "Les collectivités prennent tous les risques" : Isabelle Saporta dénonce les pratiques des assureurs

Que fait votre assureur quand vous êtes une mairie, mais que l'ensemble des collectivités locales françaises ne pèsent que 1% du marché lucratif des assurances (autant dire rien) ? Et qu'entre les émeutes urbaines et les risques climatiques, inondations ou incendies, vous cumulez beaucoup de risques ? Et que cerise sur le gâteau, votre appel d'offres est atrocement complexe ? Les assureurs résilient votre contrat manu militari. 

Comme le résume Alain Chrétien, maire de Vesoul, en charge d'une mission gouvernementale sur cette épineuse question, les collectivités sont devant l'alternative, soit d'être tondues par leurs assureurs, soit de ne plus avoir d'assurance, enfin de s'autoassurer et donc de prier pour qu'aucun dégât majeur ne leur tombe sur la tête, elles en supporteraient alors le poids. 

Des Ardennes au Pas-de-Calais, de la Bourgogne-Franche-Comté à l'Occitanie ou au Poitou-Charentes, c'est la même histoire. À Poitiers, la cotisation annuelle est passée de 163.000 à 540.000 euros. La mairie a décidé d'arrêter d'assurer ses bâtiments. Imaginez un instant une solution aussi dingue pour votre appartement. 

À Béziers, Robert Ménard a vu son assurance augmenter de 146% et sa franchise passer de 3.000 à deux millions d'euros. Donc en dessous de cette somme, les dégâts remboursés, c'est pour la pomme de ses administrés. À Fontaine-le-Comte, la franchise a pris 1.100% en quatre ans. Tout ça à cause d'un bris de glace provoqué par une tondeuse municipale.

Une mission gouvernementale

Alain Chrétien a la solution, étayé par 25 propositions, qui consistent à simplifier nos diaboliques appels d'offres. Sauf que la mission mandatée par Bruno Le Maire s'est terminée en juin et il y a ensuite eu la dissolution. L'EDIL a quand même apporté son rapport en septembre à Michel Barnier, alors Premier ministre, qui a répondu très gentiment qu'il allait s'en occuper, c'était avant d'être censuré. 

Depuis, le maire de Vesoul attend des nouvelles du ministre François Rebsaben. En résumé, pendant cette phase de flottement politique, les collectivités prennent tous les risques, sont exsangues financièrement, certaines ne sont plus assurées, et toutes espèrent la boule aux ventes que rien de grave ne leur tombe dessus.